Diocèse de Nicolet

Méditation du jour

Accueil >> Commentaire de l'Évangile du jour

Méditation du jour

Mgr André Gazaille, évêque de Nicolet, partage son commentaire de l'Évangile du jour. Que cette méditation sur l'Évangile du jour puisse nourrir la vôtre.

Pour recevoir par courriel cette méditation du jour, inscrivez-vous dans l'encadré ci-contre.

Bonne méditation!

Recevoir la méditation

 

 

Dimanche 31 mai 2020 – Dimanche de la Pentecôte

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (20,19-23)

C’était après la mort de Jésus; le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »

Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Arc-en-cielDans l’évangile de Jean, la Pentecôte c’est le soir même de Pâques, le jour même de la résurrection du Christ. L’Esprit Saint est donné par le Ressuscité aux apôtres et à l’Église naissante. C’est le premier jour de la semaine, le dimanche.

« Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. » Jean fait un lien très fort entre la résurrection de Jésus et le don de l’Esprit Saint. La résurrection de Jésus, c’est l’œuvre de L’Esprit Saint. C’est Jésus qui l’a reçu du Père et c’est l’Esprit Saint qui l’a arraché au pouvoir de la mort et a fait de lui le Ressuscité.

« Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : Recevez l’Esprit Saint. » Il souffla sur eux : un souffle de vie, une nouvelle création, une véritable résurrection. « Recevez l’Esprit Saint » : c’est le Ressuscité qui le donne aux disciples, mais il faut qu’il soit reçu, accueilli. L’Esprit Saint capable de faire vivre aux disciples la communion, l’unité qu’il y a entre Lui, le Père et le Fils. L’Esprit Saint à l’origine de l’Église, le Corps du Christ ressuscité qui vit de la même communion, du même amour, de la même vie qu’il y a entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. « Recevez. » Mot important qui vient nous rappeler que l’Esprit nous est donné, mais pour être reçu. Il n’est pas imposé. On doit y collaborer. Or la mentalité moderne n’aime pas recevoir, dépendre d’un autre même si nous sommes incapables de vivre sans l’apport de la nature et d’une multitude de personnes. Nous sommes redevables de nos parents, de l’air, du soleil, de l’eau… Il nous faut donc recevoir l’Esprit Saint, l’accueillir, nous laisser transformer par lui, nous laisser recréer par lui, par l’amour et la communion des trois personnes divines. Pour pouvoir à notre tour le transmettre, le partager autour de nous et à tous ceux qu’il met sur notre route.

« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Les disciples étaient enfermés dans la peur. Les voici envoyés pour poursuivre la mission du Christ avec le même amour. Et quelle est cette mission? « À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis, à qui vous maintiendrez ses péchés, ils leur seront maintenus. » C’est une mission de libération, de salut dont les signes les plus puissants sont l’unité, la communion, la solidarité, l’entraide, le pardon, la réconciliation. Ce sont des signes de notre Dieu. Ceux qui construisent notre Église « Corps du Christ » où chaque membre dans sa différence contribue à sa croissance, à sa ressemblance avec Dieu.

C’est tout cela que les chrétiens célèbrent le dimanche, dans l’action de grâce d’abord, mais aussi pour demander au Dieu Père, Fils et Esprit de nous aider à poursuivre notre résurrection, notre sanctification, notre transfiguration, notre renaissance, ce qui se passe au plus haut point dans l’Eucharistie. BONNE PENTECÔTE À TOUS!

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du Ciel un rayon de ta lumière. Viens en nous, père des pauvres, viens dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs. Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur. Dans le labeur, le repos; dans la fièvre, la fraîcheur; dans les pleurs, le réconfort. Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles. Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti. Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est raide, guéris ce qui est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé. À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés. Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen. (Séquence de la Pentecôte.)

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Samedi 30 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (21,20-25)

En ce temps-là, Jésus venait de dire à Pierre : « Suis-moi. » S’étant retourné, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait. C’est lui qui, pendant le repas, s’était penché sur la poitrine de Jésus pour lui dire : « Seigneur, quel est celui qui va te livrer? » Pierre, voyant donc ce disciple, dit à Jésus : « Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il? » Jésus lui répond : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe? Toi, suis-moi. »

Le bruit courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or, Jésus n’avait pas dit à Pierre qu’il ne mourrait pas, mais : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe? »

C’est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est vrai. Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait.

Bord de merC’est la fin de l’évangile de Jean. On y retrouve deux des principaux disciples du Seigneur : Pierre, celui que Jésus a choisi lui-même pour être le chef des apôtres et Jean, celui que Jésus aimait et qui s’identifie lui-même comme celui qui est à l’origine de cet évangile.

Pierre qui vient d’apprendre du Seigneur le genre de mort qui l’attendait lui demande si c’est le même sort qui attend Jean. La réponse de Jésus n’est pas évidente et va par la suite être faussement interprétée. Mais ce qui est clair, c’est que le Ressuscité lui dit que cela ne le regarde pas et que l’important pour lui, c’est de bien remplir sa mission et de la vivre à plein. Dans cette Église qui commence à peine à naitre, le Ressuscité veut leur faire comprendre que c’est l’Esprit Saint qui va appeler les disciples à y prendre part. Et que toutes les formes de comparaison sont à proscrire. Évidemment, l’histoire de l’Église, même celle de l’Église primitive, va nous montrer que cela sera toujours une difficulté avec laquelle l’Esprit Saint aura à composer. Être celui que l’Esprit m’invite à être, le faire le mieux possible, avec la certitude que c’est de cette façon que je pourrai apporter ma part pour favoriser la mission du Christ et y trouver paix et joie. Ne jamais oublier que la mission, c’est celle du Christ et non pas la mienne. C’est la façon de voir l’Église de saint Paul quand il nous en parle comme du Corps du Christ, la façon du Ressuscité d’être présent et de poursuivre sa mission par et avec nous par le don de l’Esprit Saint. Et dans cette Église, Corps du Christ, chaque membre à une importance unique et essentielle. C’est l’Église de Vatican II qui pour le pape François est si nécessaire pour la conversion missionnaire de l’Église d’aujourd’hui.

Jean, le disciple que Jésus aimait, se désigne pour la première fois comme l’auteur de cet évangile, le témoin qui l’a écrit. Le témoin est à la fois celui qui a une connaissance directe des événements dont il parle et celui qui en dégage la signification profonde. C’est ce que fait saint Jean dans son évangile. « Celui qui a vu a rendu témoignage et son témoignage est conforme à la vérité et d’ailleurs Celui-là sait qu’il dit ce qui est vrai afin que vous aussi vous croyiez. » (Jean 19, 35) Le Celui-là qui vient confirmer la véracité étant pour Jean le Ressuscité lui-même.

La Parole de Dieu qui est pour les chrétiens bien plus qu’un simple livre historique (histoire du peuple juif, de la vie de Jésus, de l’Église). Mais qu’elle est véritablement Dieu qui nous parle encore aujourd’hui, Dieu qui nous oriente, nous montre le chemin encore aujourd’hui : pour notre croissance et celle de toute l’Église.

Demain, c’est la Pentecôte. Sans l’Esprit Saint, l’Église et sa mission seraient incompréhensibles, la vie chrétienne également. Remercions le Seigneur pour un tel don.

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du Ciel un rayon de ta lumière. Viens en nous, père des pauvres, viens dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs. Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur. Dans le labeur, le repos; dans la fièvre, la fraîcheur; dans les pleurs, le réconfort. Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles. Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti. Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est raide, guéris ce qui est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé. À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés. Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen. (Séquence de la Pentecôte.)

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Vendredi 29 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (21,15-19)

Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade. Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci? » Il lui répond : « Oui, Seigneur! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. » Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment? » Il lui répond : « Oui, Seigneur! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »

Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. »

Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »

Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »

CheminLe Temps pascal se termine avec la fin de l’évangile de Jean qui évoque deux disciples : Simon-Pierre et Jean, celui que Jésus aimait.

Cet échange entre le Ressuscité et Simon-Pierre sur le bord du lac de Tibériade nous en rappelle un autre, quelques jours auparavant, lors du dernier repas du Seigneur à Jérusalem alors que Simon-Pierre avait affirmé au Seigneur qu’il était prêt à le suivre partout où il irait et qu’il était prêt à donner sa vie pour lui. Le Seigneur lui avait alors dit que bientôt, au contraire, il le renierait trois fois. C’est ce qui s’est passé et l’expérience a fortement remué Simon-Pierre.

« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment plus que ceux-ci? » C’est ce qu’il avait affirmé au Seigneur devant tout le monde. Évidemment marqué par son expérience de reniement, bien conscient de ses faiblesses et de l’immense amour de Jésus, Simon-Pierre va répondre avec franchise à celui qui connait les cœurs, qui le connait plus que lui-même : « Oui Seigneur! Toi tu le sais : je t’aime. » Jésus va le demander 3 fois à Simon-Pierre et celui-ci va y répondre avec tout son cœur. Un dialogue d’une grande importance pour Jésus et Simon-Pierre. La rencontre de deux expériences d’amour, de deux amoureux.

Dialogue que chacun de nous vivons avec le Ressuscité dans le quotidien de nos vies et certains jours d’une façon particulière, comme baptisé, comme disciple, avec les appels que le Seigneur nous fait. Quelle est ma réponse? Y a-t-il assez d’humilité en moi, une expérience assez forte de l’amour de Dieu et de son pardon pour pouvoir répondre comme Pierre, en toute sincérité, avec tout mon cœur? Réponse qui n’est jamais définitive, toujours appelée à grandir, à s’approfondir bien souvent à partir des expériences difficiles de nos vies, de nos morts, de nos résurrections avec le Christ.

C’est de cette expérience amoureuse, cette profession d’amour que jaillit pour Simon-Pierre la mission que le Seigneur lui confie. « Sois le pasteur de mes brebis. » « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » C’est ce qui la rend possible. Elle ne repose pas sur nos forces, mais sur celles de Dieu.

C’est vrai pour Pierre. C’est vrai aussi pour chacun de nous. L’expérience de l’amour de Dieu ne nous est pas donnée que pour nous-mêmes, à notre seul profit, mais au contraire pour la partager, la vivre avec d’autres selon les appels particuliers du Seigneur, pour nous soutenir, nous aider à nous enrichir les uns les autres. Suivre le Christ, c’est accepter d’aller là où il nous appelle et ce n’est pas toujours où on espérait aller. C’est choisir de faire sa volonté avec la certitude que c’est là que sont mon bonheur et la joie véritable. C’est suivre le chemin de la résurrection, le chemin de la vie éternelle qui nous mène à la gloire du ciel.

« Viens. Suis-moi. » C’est l’appel que le Seigneur fait à chacun de nous. C’est y répondre le mieux que nous le pouvons avec sa grâce, c’est vivre l’aventure avec lui.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Jeudi 28 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (17,20-26)

En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.

« Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.

« Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »

ArbreVoilà les derniers mots de la prière de Jésus. Cette fois-ci, elle n’est pas seulement pour les disciples, mais aussi pour la multitude d’hommes et de femmes qui depuis ce jour croient en lui, bref pour l’Église. Et quelle est cette prière? Ce pour quoi il va offrir à son Père sa mort sur la croix? Ce pour quoi il va donner sa vie par amour? Ce qui lui tient le plus à cœur, son testament?

« Que tous soient un, comme toi, Père tu es en moi, et moi en toi. » Et c’est en adhérant à Jésus que les croyants participent à la communion d’amour qui unit le Père et le Fils. L’amour des chrétiens et des chrétiennes a pour modèle l’amour même de Dieu.

« Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » Et c’est cette unité des chrétiens et des chrétiennes entre eux, à la manière du Père et du Fils, en communion avec eux, c’est cet amour qui rend possible la mission, qui rend attirante la Bonne Nouvelle des disciples. « Voyez comme ils s’aiment. » « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples. »

Tout cela vient bien sûr questionner la difficulté qu’ont les chrétiens, les chrétiennes d’aujourd’hui de vivre concrètement une telle unité, une telle communion. On pactise assez facilement avec les luttes de pouvoir, les difficultés de travailler ensemble, de s’accepter et de nous réjouir de nos différences, avec la jalousie, les incompréhensions, les rancunes et bien d’autres choses du même genre. Signe évident de la pauvreté de notre communion avec le Père et le Fils, de la pauvreté de notre conversion à l’essentiel, de ce pour quoi le Seigneur est venu parmi nous et de la mission qu’il nous a confiée. Pas toujours conscients que ces attitudes loin de rapprocher de Dieu au contraire favorisent l’éloignement et même la négation de Dieu.

Heureusement que tu nous aimes. Que nous avons du prix à tes yeux. Que tu veux avoir besoin de nous malgré nos faiblesses et limites. Qu’avec toi, tout est toujours possible. Et il y a cette demande que tu fais au Père pour tous tes disciples : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. »

Merci Seigneur de nous vouloir tellement avec toi!

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mercredi 27 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (17,11b-19)

En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.

« Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.

« Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »

ArbreLa suite de la prière de Jésus à son Père se poursuit autour de deux autres mots qui viennent en préciser tout le sens : garder et sanctifier.

Jésus prie son Père pour ses disciples qui eux vont demeurer dans le monde. Comme Jésus a été envoyé dans le monde par son Père, les disciples ont été envoyés dans le monde par Jésus. C’est leur mission. « Quand j’étais avec eux, je les gardais; unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. »

Je leur ai donné ta parole et ils l’ont accueillie et « le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. » Le monde étant pour saint Jean ce qui n’est pas de Dieu, tout ce qui s’oppose à Dieu dans le monde. Maintenant que « je vais vers toi, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. » Garde-les du Mauvais. Garde-les de la division, des luttes intestines, des oppositions, des jalousies, des luttes de pouvoir, bref de tout ce qui vient briser l’unité, la communion qu’ils ont en nous, de tout ce qui pourrait détruire la mission qu’ils tiennent de nous. C’est alors qu’ils auront avec eux ma joie et qu’ils en seront comblés.

Jésus prie aussi son Père de sanctifier ses disciples dans la vérité. La sanctification, c’est l’œuvre du Père et pour les disciples, elle ne peut s’accomplir que dans la vérité de la vie de Jésus, que les yeux et le cœur fixés, branchés sur Jésus, lui qui nous a montré le chemin de l’amour. Voilà ce qui peut faire d’eux des disciples-missionnaires envoyés dans le monde à la suite de Jésus pour leur faire découvrir la voie de la sainteté qui est une transformation de tout l’être.

Et la prière se termine par l’offrande de Jésus, de sa mort par amour sur la croix afin que ses disciples soient eux aussi sanctifiés dans leur vie. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » Quel genre de disciple-missionnaire suis-je? Est-ce que je me sens concerné par cette prière du Seigneur qui est un appel à la communion, à l’unité sans laquelle la mission risque d’être bien difficile? Est-ce que je me sens concerné par l’appel du Seigneur à la sainteté qui consiste à se brancher sur Jésus qui lui nous montre le chemin?

Merci Seigneur de prier pour nous qui sommes tes disciples. Merci de te préoccuper de nous, de nous soutenir, de nous donner de ta ferveur, de ton amour, pour que nous puissions poursuivre ta mission dans le monde d’aujourd’hui.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mardi 26 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (17,1-11a)

En ce temps-là, Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.

« Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire. Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.

« Moi, je prie pour eux; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi. Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi; et je suis glorifié en eux. Désormais, je ne suis plus dans le monde; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. »

FleursDans ces derniers moments, Jésus se tourne vers son Père. Cette prière d’une grande densité tourne autour de deux mots qui reviennent constamment : le mot gloire qui dans son sens biblique exprime non pas la renommée, mais l’être profond de quelqu’un et le mot donner, se donner, redonner. Ces deux mots veulent exprimer tout l’amour, toute la communion qu’il y a entre le Père, le Fils et l’être humain.

« Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. » La gloire du Père, c’est son amour pour les humains et son projet de salut pour tous. La gloire du Fils, c’est de permettre de tout faire pour qu’il se réalise. C’est d’accomplir les œuvres du Père. La gloire de l’humain, c’est d’accueillir ce salut et ainsi de participer à la communion du Père et du Fils. « Père l’heure est venue. » Celle de ma mort sur la croix par amour pour tous les humains. « Glorifie ton Fils. »

Père, tu m’as donné tout pouvoir sur tout être de chair, tu m’as donné ceux qui croient en moi, tu m’as donné tes paroles. Tout ce que j’ai reçu de toi Père, je l’ai partagé à l’humanité. Je lui ai donné tes paroles, la vie éternelle. « Or la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. » « Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. »

On peut voir ici tout l’amour du Père qui donne tout à son Fils. Tout l’amour du Fils qui accueille tout du Père, mais pour le redonner par amour à ceux que le Père lui a confiés. Qui eux-mêmes vont participer à cet amour du Père et du Fils en accueillant les dons du Fils pour les redonner à leur tour à ceux que le Père mettra sur leur chemin.

La conclusion est magnifique. Jésus prie pour ceux qui ont la foi, qui ont accueilli et participent à cet amour, à cette communion. « Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi; et je suis glorifié en eux. » Ils vont poursuivre ma mission. « Désormais, je ne suis plus dans le monde; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. »

Qu’est-ce que je ressens en contemplant dans cette prière l’amour fou de Dieu pour nous et la communion qu’il nous propose? Quelle est ma place dans cet amour, dans cette communion? Est-ce que c’est au cœur de mon ministère, de mes amours? Quelle est ma part pour poursuivre la mission de Jésus qui est de réaliser le désir du Père de sauver tous les humains?

Merci Seigneur de nous avoir fait participer à ta prière. Si elle pouvait devenir un peu la nôtre!

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Lundi 25 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (16,29-33)

En ce temps-là, les disciples de Jésus lui dirent : « Voici que tu parles ouvertement et non plus en images. Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge : voilà pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu. »

Jésus leur répondit : « Maintenant vous croyez! Voici que l’heure vient – déjà elle est venue – où vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul; mais je ne suis pas seul, puisque le Père est avec moi. Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage! Moi, je suis vainqueur du monde. »

NuageIl s’agit des derniers mots du Seigneur à ses disciples. Dans l’évangile de samedi dernier, il y avait un appel pressant du Seigneur pour la prière. Une façon pour les disciples de garder la communion et de participer à la transformation du monde par le Ressuscité. Cette fois, c’est un appel à la foi, essentielle pour permettre aux disciples de passer à travers l’épreuve de la mort du Seigneur sur la croix.

À son dernier repas, Jésus a beaucoup parlé avec ses disciples et répondu à leurs questions. Si bien que, même bouleversés, ils font au Seigneur une profession de foi : « Voici que tu parles ouvertement et non plus en images. Maintenant nous savons que tu sais toutes choses et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge : voilà pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu. »

Mais la foi n’est pas d’abord une affaire de connaissance, mais une affaire d’expérience, une affaire d’amour et Jésus leur fait connaitre qu’ils passeront par des moments de doute et qu’ils le laisseront seul. Mais Il n’est pas seul puisque son Père qui l’aime sera toujours avec lui. Il les invite à lui faire confiance malgré tout, malgré leurs doutes, leurs déceptions, leurs incompréhensions. « Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. » La paix qui pour saint Jean est toujours le fruit de la présence du Ressuscité. « Courage! Moi, je suis vainqueur du monde. »

Tout cela a de la résonnance dans ce que nous vivons aujourd’hui comme disciples-missionnaires dans notre monde. Ce monde où à première vue Dieu semble disparaître, où nous pouvons parfois être contestés, confrontés, ridiculisés et dans certains coins du monde persécutés. Un appel du Seigneur à lui faire confiance, à s’en remettre à lui, même si notre Église est en perte de vitesse, même si nous ne savons pas ce que sera demain, même si on a l’impression qu’on ne contrôle plus rien. Un appel à poursuivre dans la foi en se fiant à Celui qui nous accompagne. « Courage! Moi, je suis vainqueur du monde. » Nous ne sommes pas seuls. Nous avons un avenir avec Lui.

Merci Seigneur de nous soutenir, d’être notre force, notre espérance, notre paix dans les moments difficiles. Merci de nous permettre d’y percevoir des signes de ta présence et de ton action.

À partir de ce moment, Jésus va entrer en prière avec son Père jusqu’au moment de son arrestation.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Dimanche 24 mai 2020 – Ascension du Seigneur

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (28,16-20)

En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.

Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

EauC’est le dimanche de l’Ascension du Seigneur. Curieusement, dans son évangile Matthieu ne parle pas d’ascension, de montée vers le ciel, mais plutôt de présence nouvelle, de mission.

Ça se passe en Galilée, là où Jésus a vécu la majeure partie de sa vie et de son ministère. La Galilée, province aux peuples mélangés, méprisée par les purs de Jérusalem, pays ouvert sur les autres, terre où se mélangent les croyances. Sur une montagne, le lieu par excellence de la rencontre de Dieu. Il n’y a que les 11 disciples, un bien petit nombre et en plus, ils sont malmenés, fragiles, bouleversés. Comme dans toutes les apparitions, ils ont bien de la difficulté à reconnaitre le Ressuscité. « Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. »

Jésus s’approcha d’eux. C’est lui qui prend l’initiative. C’est lui qui leur a donné rendez-vous. C’est le Ressuscité qui parle. « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. » Et cette force, ce pouvoir, Il va le partager avec ses disciples. Il va faire d’eux son nouveau mode de présence, faire d’eux son propre Corps, son Église dont il est la tête et le cœur et ses disciples les membres. Jésus est loin de parler de départ, de quitter ses disciples. Il leur parle de sa nouvelle présence. « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Et cette présence, c’est pour la mission qu’il confie à ses disciples et qu’il va accompagner. « Allez! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ». (Le baptême étant le sacrement de la communion entre le disciple, l’Église, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.) « Apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé ». (Une expérience à vivre : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. ») « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » C’est l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous. C’est Dieu qui habite le temps, mon temps. Alors chaque minute de ma vie peut être illuminée par sa présence.

« Allez! De toutes les nations, faites des disciples. » Cet envoi du Ressuscité si large, confié à si peu de monde (11 disciples) a du paraitre infaisable surtout dans le contexte de doute et de désespérance qui devait régner. Il en est de même pour nous aujourd’hui où la mission est de plus en plus difficile, où il est de plus en plus difficile de rejoindre les gens, où l’athéisme est de plus en plus présent. Il ne faut pas oublier les promesses de soutien que nous fait le Ressuscité. D’abord que c’est sa mission à lui, que sa puissance est là pour nous accompagner, qu’on peut compter sur lui en tout temps. Ensuite qu’il sait très bien agir avec ce qui est limité et faible, avec les pécheurs que nous sommes et qu’on peut compter sur sa présence de chaque instant.

Merci Seigneur de ne pas nous avoir quittés, merci de nous avoir choisis pour poursuivre ta présence. Merci de compter sur nous malgré nos faiblesses et limites.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Samedi 23 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (16,23b-28)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Amen, amen, je vous le dis : ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez, et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite.

En disant cela, je vous ai parlé en images. L’heure vient où je vous parlerai sans images, et vous annoncerai ouvertement ce qui concerne le Père. Ce jour-là, vous demanderez en mon nom; or, je ne vous dis pas que moi, je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et vous avez cru que c’est de Dieu que je suis sorti. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde; maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père. »

BougieCe sont les dernières paroles de Jésus à ses disciples (aujourd’hui et lundi prochain). Après il va se tourner vers le Père pour une longue prière qui va se terminer avec son arrestation.

Quel est son dernier message? « Amen, amen, je vous le dis », une formule solennelle que Jésus emploie quand il veut dire quelque chose d’important. C’est une invitation à la prière. Jusque-là, c’est Jésus qui priait le Père pour ses disciples. « Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. » Maintenant, je vous demande de prier en mon nom. « Ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. » Maintenant, Jésus rejoint le Père dans sa gloire pour accomplir avec puissance son rôle de médiateur. « Demandez et vous recevrez. » « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, de sorte que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. » (Jean 14, 13-14)

Demandez dans la foi, c’est croire que la prière est importante pour Jésus. C’est croire qu’elle peut contribuer à un monde meilleur, à l’établissement de son Royaume. C’est contribuer à sa mission qui est de sauver le monde. C’est croire à son efficacité, même si souvent on peut avoir l’impression qu’elle ne change pas grand-chose. C’est croire en la promesse de Jésus : « Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. »

C’est qu’il n’y a plus de murs entre le visible et l’invisible, entre Dieu et les disciples. Il y a une communication directe entre Dieu qui nous aime et le croyant qui croit à cet amour fou de Dieu. « Je ne vous dis pas que moi, je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et vous avez cru que c’est de Dieu que je suis sorti. » Le Christ est bien plus qu’un simple intermédiaire entre lui et le Père. Les disciples lui sont si étroitement unis qu’ils participent directement à sa communion avec le Père.

« Maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père. » Jésus a établi au nom du Père une nouvelle communion entre le divin et l’humain, entre l’amour de Dieu et l’amour humain. Ce n’est donc pas surprenant que la prière soit au cœur de ces derniers mots du Seigneur à ses disciples. Prier c’est cultiver la communion avec Dieu, c’est s’unir à son grand désir d’aimer et de sauver le monde.

Merci Seigneur de continuer à vouloir avoir besoin de chacun de nous, d’avoir besoin de notre prière malgré nos faiblesses et limites, de nous associer à ton grand désir de sauver le monde.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Vendredi 22 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (16,20-23a)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Amen, amen, je vous le dis : vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde.

« Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions. »

EnfantPour aider ses disciples à vivre le passage de sa mort (qui les plonge dans la tristesse) à sa résurrection (qui va les plonger dans la foi), Jésus leur raconte une parabole pour les aider à bien comprendre. « La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde. » Parabole pour leur apprendre une nouvelle façon de voir et de vivre la souffrance et le mal. Pour Jésus, les souffrances d’ici-bas ne sont pas à voir comme des souffrances d’agonie qui aboutissent à la mort. Mais plutôt comme des souffrances d’enfantement qui conduisent à la vie. Pour lui, toute souffrance peut devenir féconde. C’est ainsi que ses souffrances sur la croix, offertes avec amour à son Père, vont devenir source de résurrection, de glorification et de salut pour le monde.

Il nous est tous arrivé de vivre des situations qui nous inquiètent et nous plongent dans la tristesse et pour lesquelles il n’y a pas de solution; situations que nous portons dans la prière, que nous offrons au Seigneur et qui peu à peu se transforment en paix et parfois même en joie. Tout cela est possible à cause de notre foi, de notre expérience avec le Ressuscité. Et cette joie, cette paix qui viennent de lui, personne ne peut nous les enlever. Mais un jour, à la fin des temps, lors du retour du Christ, elles deviendront évidentes et nous habiteront en permanence.

Quel sens les souffrances ont-elles dans ma vie? Sont-elles des occasions de croissance pour plus de vie? Est-ce que la joie en fait partie?

Merci Seigneur de tout transformer en nous par ton amour, ta présence et ta joie.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Jeudi 21 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (16,16-20)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus : encore un peu de temps, et vous me reverrez. » Alors, certains de ses disciples se dirent entre eux : « Que veut-il nous dire par là : ‘ Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus; encore un peu de temps, et vous me reverrez. ’ Et puis : ‘ Je m’en vais auprès du Père ‘? » Ils disaient donc : « Que veut dire : un peu de temps? Nous ne savons pas de quoi il parle. »

Jésus comprit qu’ils voulaient l’interroger, et il leur dit : « Vous discutez entre vous parce que j’ai dit : ‘ Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus; encore un peu de temps, et vous me reverrez. ‘ Amen, amen, je vous le dis : vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. »

« Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus. » (La mort du Seigneur sur la croix.) « Encore un peu de temps et vous me reverrez. » (La résurrection du Seigneur.) « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus. » (L’Ascension du Seigneur que nous allons fêter dimanche prochain.) « Encore un peu de temps et vous me reverrez. » (Le don de l’Esprit à la Pentecôte.) C’est toujours le même Dieu, mais c’est son mode de présence qui change, qui se spiritualise, qui s’élargit pour se faire présent aux humains de tous les temps.

Et cela se continue. Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus à première vue. Mais vous me verrez par mon Église, mon nouveau corps de Ressuscité, visible que pour ceux qui ont la foi. Encore un peu de temps et vous me reverrez tel que je suis dans toute ma gloire à la fin des temps. Un mode de présence qui nous associe à lui malgré nos limites et faiblesses et qui finalement sera total le jour de son retour à la fin des temps.

Et cela se vit aussi dans notre propre vie. Encore un peu de temps où on ne le voit plus, où il semble absent et encore un peu de temps où tout à coup on peut le voir avec les yeux de la foi, le voir partout et expérimenter sa présence avec force. Encore un peu de temps où vous ne me verrez plus, où nous avons à mourir peu à peu dans notre vie à tout ce qui n’est pas de Dieu en nous pour revivre peu à peu à la vie de Dieu en nous, à la vie éternelle.

« Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus; encore un peu de temps et vous me reverrez. » C’est notre espérance. Que l’amour de Dieu va toujours l’emporter; qu’avec lui la vie va toujours l’emporter. Que sa présence va finir par tout transformer. Qu’avec lui nous serons toujours les grands vainqueurs. Quelle bonne nouvelle!

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mercredi 20 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (16,12-15)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.

« Tout ce que possède le Père est à moi; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

CheminL’Esprit Saint, c’est le Défenseur, celui qui nous soutient, qui est notre force pour nous aider à traverser les passages de notre vie.

Mais il est aussi le pédagogue. Celui qui peu à peu nous permet de saisir en profondeur qui est Jésus, de comprendre et de vivre ses enseignements. L’Esprit, c’est celui qui sans cesse nous fait grandir dans la foi au Ressuscité. La foi, qui est une vie qui se développe, où il y a toujours du neuf à découvrir, une plus grande proximité à vivre, une relation amoureuse. « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de Vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. » Il vous permettra de saisir peu à peu tout ce qui vient de moi, tout ce que je veux vous faire connaitre. Et cela prend du temps. Laisser entrer le divin en nous et le laisser nous transformer n’est pas chose facile. L’Esprit qui nous habite au plus intime de nous-mêmes, qui nous connait en profondeur sait ce qu’il nous faut et nous permet de l’accueillir à notre rythme, là où nous sommes. Il sait nous accompagner.

Suis-je fidèle à écouter cet Esprit qui veut me parler au cœur pour m’aider à grandir dans ma relation avec le Ressuscité? Est-ce que j’ai faim d’en savoir plus, d’en vivre davantage?

Ou bien si je préfère gérer moi-même ma relation avec le Seigneur, de façon à bien la contrôler, sans surprise, sans risque, sans effort?

Merci Seigneur de prendre soin de moi par ton Esprit, de m’accompagner avec amour et patience, de croire en moi malgré mes pauvretés et mes faiblesses et de me permettre peu à peu d’être celui que je suis dans ton cœur pour mon bonheur et ma joie.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mardi 19 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (16,5-11)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je m’en vais maintenant auprès de Celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : “Où vas-tu?” Mais, parce que je vous dis cela, la tristesse remplit votre cœur.

« Pourtant, je vous dis la vérité : il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous; mais si je pars, je vous l’enverrai. Quand il viendra, il établira la culpabilité du monde en matière de péché, de justice et de jugement. En matière de péché, puisqu’on ne croit pas en moi. En matière de justice, puisque je m’en vais auprès du Père, et que vous ne me verrez plus. En matière de jugement, puisque déjà le prince de ce monde est jugé. »

CheminLe retour vers son Père est une bonne nouvelle pour Jésus. De plus, c’est une bonne chose pour ses disciples. « Il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous. Mais si je pars, je vous l’enverrai. » Mais pour les disciples, c’est un moment difficile à vivre. C’est un véritable passage. Pendant qu’il était avec eux, Jésus était la présence visible de Dieu auprès d’eux. Une présence physique qui les réconfortait. Ils vont maintenant devoir s’habituer à un autre mode de présence, la présence de l’Esprit, beaucoup plus intérieure. Elle n’est plus limitée au temps et à un lieu. Elle n’a plus de limites. La présence de l’Esprit peut tout envahir, peut renouveler la face de la terre.

Temps de l’Esprit qui est aussi le temps de l’Église. C’est lui qui va faire de nous le Corps du Christ, la nouvelle présence physique du Ressuscité avec sa grandeur et ses limites. Évidemment, les disciples vont devoir en faire l’expérience peu à peu et découvrir toute sa richesse. Que la mort de Jésus n’est pas la défaite d’un pécheur, mais au contraire la victoire sur la mort du crucifié, le bien-aimé du Père.

C’est ce que nous vivons nous aussi aujourd’hui : cette expérience du temps de l’Esprit, du temps de l’Église, ce nouveau mode de la présence du Ressuscité auquel nous sommes tous impliqués.

Ce passage nous rappelle également le passage que nous vivrons à la fin de notre vie sur la terre, quand nous aussi nous irons vers le Père pour expérimenter un nouveau mode de présence qui nous fera entrer dans sa gloire. Un passage qui peut nous faire peur et qui est pourtant une bonne nouvelle.

La vie chrétienne, c’est vraiment laisser peu à peu le divin envahir notre vie, la transformer, nous amener là où Dieu nous veut avec lui pour l’éternité. Toute une aventure!

Merci Seigneur pour ton amour, de nous avoir à ce point associés à toi.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Lundi 18 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (15,26 – 16,4a)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. Je vous parle ainsi, pour que vous ne soyez pas scandalisés. On vous exclura des assemblées. Bien plus, l’heure vient où tous ceux qui vous tueront s’imagineront qu’ils rendent un culte à Dieu. Ils feront cela, parce qu’ils n’ont connu ni le Père ni moi. Eh bien, voici pourquoi je vous dis cela : quand l’heure sera venue, vous vous souviendrez que je vous l’avais dit. »

Fleur de printempsVers la fin de son dernier repas avec ses disciples, Jésus les avertit qu’ils vont bientôt connaitre des moments difficiles. Que comme lui, ils seront persécutés, rejetés. « On vous exclura des assemblées. Bien plus, l’heure vient où tous ceux qui vous tueront s’imagineront qu’ils rendent un culte à Dieu. » C’est dans ce contexte que Jésus leur parle de l’Esprit. Après mon départ, je ne vous laisserai pas seuls. Je vais vous envoyer mon Esprit pour vous soutenir. Cet Esprit qui vient du Père et qu’après ma résurrection je vais vous envoyer pour qu’il soit votre Défenseur. L’Esprit de Vérité qui me rendra témoignage, qui vous rendra libre en vous permettant de me connaitre en profondeur, qui fera de vous mes témoins et qui donnera à votre témoignage toute sa force et sa vérité. Je vous dis cela « pour que vous ne soyez pas scandalisés. »

C’est le même Esprit qui nous est donné à nous tous ses disciples, aujourd’hui. À nous qui sommes souvent mis à l’épreuve dans le monde d’aujourd’hui, aux prises avec des scandales, des faiblesses qui nous font mal, qui peuvent nous faire douter, nous faire tomber dans la morosité et la désespérance.

Mais c’est aussi le même Esprit qui nous est donné pour faire de nous de véritables témoins du Ressuscité. Et pour cela, comme pour les premiers disciples, il nous faut devenir de plus en plus des affamés de la vérité, de cette vérité dont lui seul peut nous combler. « Car vous êtes avec moi. » Chercher à le connaitre, à faire communion avec lui, à être lié à lui, c’est la seule façon d’être ses témoins. Car alors, ce n’est plus moi que j’ai à défendre, ni mes idées, ni mes connaissances, mais celui qui m’habite, me fait vivre, celui que j’aime, celui pour qui je suis prêt à donner ma vie. C’est cela être un témoin à la manière de l’Esprit. C’est ce genre de témoin dont notre monde a besoin.

Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre!

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Dimanche 17 mai 2020 – 6e Dimanche de Pâques

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (14, 15-21)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.

« Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »

L’évangile de ce dimanche évoque en quelques phrases l’histoire du salut, de ce grand projet de l’amour de Dieu pour l’humanité.

- Jésus, le Fils du Père est venu parmi nous par amour, pour nous associer à ce qu’il est et à sa résurrection.

- Mais il n’a pas été reçu par le monde. Il n’a pas été reconnu pour ce qu’il est, le Fils bien-aimé du Père. On a voulu se débarrasser de lui. Mais des personnes qu’il a choisies lui-même et bien d’autres se sont attachées à lui. Elles ont fait l’expérience de son amour et par amour elles ont observé ses commandements : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »

- Mais la mort de Jésus sur la croix par amour, loin d’être l’échec du projet de Dieu, va se transformer en Vie par la résurrection du Christ et l’envoi à ses disciples de l’Esprit Saint, le Défenseur, l’Esprit de vérité qui va les soutenir et les aider à découvrir peu à peu qu’ils sont appelés à devenir le nouveau mode de présence du Ressuscité, à devenir le Corps du Christ dont le Ressuscité est la tête et le cœur, et eux les membres. L’Église par laquelle le Vivant va poursuivre sa mission par et avec chacun de ses disciples dont la grande caractéristique sera d’aimer à la manière de Dieu.

Le projet de Dieu, une histoire d’amour de Dieu pour tous les humains, mais aussi une histoire d’amour des disciples pour tous ceux et celles qui font partie de leur vie. « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaitra pour mes disciples. »

C’est aussi une affaire de présence de Dieu qui se fait de plus en plus proche en prenant d’abord notre condition humaine pour nous associer à sa condition divine. Puis en se faisant présent dans chaque disciple appelé à former ce que saint Paul appelle le Corps du Christ, son nouveau mode de présence avec lequel il va poursuivre sa mission.

C’est finalement une affaire de communion où Dieu et l’homme sont liés pour l’éternité. « En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi et moi en vous. »

La foi chrétienne, une expérience d’amour, de présence et de communion : à accueillir peu à peu, à vivre, à partager et à faire connaitre. Quelle merveilleuse aventure!

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Samedi 16 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (15, 18-21)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi. Si vous apparteniez au monde, le monde aimerait ce qui est à lui. Mais vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous.

« Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : un serviteur n’est pas plus grand que son maître. Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi. Si l’on a gardé ma parole, on gardera aussi la vôtre. Les gens vous traiteront ainsi à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas Celui qui m’a envoyé. »

LacC’est le soir du Jeudi saint au dernier repas du Seigneur. La peur, la crainte s’emparent des disciples. Qu’est-ce qui va nous arriver? Jésus leur fait connaitre que bientôt ils partageront ce qui lui arrive et qu’ils seront rejetés comme lui par les chefs du peuple et une bonne partie de la société du temps. « Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi. » « Un serviteur n’est pas plus grand que son maître. »

C’est ce que vont vivre les disciples du Seigneur et les premières communautés chrétiennes. Plusieurs vont connaitre la persécution et le martyre. Pour nous aujourd’hui, c’est une réalité nouvelle. Nous sommes en majorité issus d’une Église de chrétienté, dans une société chrétienne. Être chrétien, c’était normal, c’était une bonne chose. Tout cela a bien changé, lentement d’abord, puis de plus en plus rapidement. Notre société est de plus en plus sécularisée, de plus en plus pluraliste, de plus en plus critique face aux religieux. C’est comme si Dieu était disparu, de plus en plus absent de notre monde. Et tout cela a été aggravé par la crise de la pédophilie dans notre Église.

Dans ce contexte, se dire chrétien, chrétienne, s’afficher comme tel est plus difficile du moins dans certains milieux. On peut avoir l’impression parfois d’être incompris, ridiculisé, marginal parfois même au sein de notre famille. « Si vous apparteniez au monde, le monde aimerait ce qui est à lui. » Le monde étant pour saint Jean tout ce qui n’est pas de Dieu, tout ce qui le rejette. « Mais vous n’appartenez pas au monde puisque je vous ai choisis. »

Il est bien normal que nous partagions quelques-unes des difficultés du Christ pendant qu’il était parmi nous. « Il est venu chez les siens, mais les siens ne l’ont pas reçu. » Que nous partagions un peu de sa peine à faire saisir qui il était, ce qu’il portait au plus profond du cœur et ce qu’il voulait tant faire découvrir à tous.

Mais dans tout cela, comme pour les premiers disciples, nous ne sommes pas seuls. Le Ressuscité marche avec nous, nous accompagne, nous invitant à aimer avec lui ce monde pour lequel il a donné sa vie. Nous invitant à être des témoins de sa présence et de son désir de le transformer avec nous par l’amour. Il ne faut jamais oublier que la mission c’est une affaire d’amour. Que c’est l’affaire du Ressuscité qui nous veut avec lui pour l’accomplir.

Merci Seigneur de nous maintenir dans ta paix et ta joie.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Vendredi 15 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (15, 12-17)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.

« Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »

FleursNous sommes toujours au cœur de l’Évangile, de la Bonne Nouvelle. On revient sur le même texte qu’hier. Mais l’accent est mis davantage sur le grand commandement du Seigneur, sur ce qu’il demande à ses disciples.

« Mon commandement le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » C’est le seul commandement du Seigneur. Celui qui nous invite à lui ressembler, à vivre de sa vie, à être ses amis. Comment il résonne dans ma vie? Comme une impossibilité, comme une invitation extérieure à moi-même? Ou bien comme un amour qui m’habite déjà, que j’ai avec la grâce de Dieu à libérer, à faire grandir? Est-ce que c’est une préoccupation pour moi? Est-ce que j’y travaille concrètement?

« Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » C’est la seule condition. Elle peut nous faire peur. Il nous arrive si souvent de ne pas y arriver, d’y expérimenter nos faiblesses et limites, de tomber dans la culpabilité. Le « si » veut dire pas tout seul, pas seulement par nos propres forces, nos propres capacités. Mais avec lui, habité et soutenu par son amour, sa force, sa miséricorde.

Merci Seigneur d’avoir fait de nous tes amis et de nous rendre capables de vivre cette amitié avec tous ceux que tu mets sur nos chemins.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Jeudi 14 mai 2020 – Saint Matthias, apôtre

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (15, 9-17)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.

« Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.

« Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »

Fleurs de pommierNous sommes au cœur de l’Évangile, de la Bonne Nouvelle. C’est plus que tout ce qu’on peut imaginer ou rêver. L’amour dont Jésus nous aime est celui dont lui est aimé du Père. Et pour accueillir et demeurer dans son amour, il nous faut garder ses commandements comme lui le fait avec son Père.

« Et ce commandement le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » Vous êtes mes amis si vous le faites parce qu’alors vous aimez du même amour que le mien, qui est celui du Père. Vous vivez de la même vie que la mienne qui vient du Père.

Tout cela est possible parce que « c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. » « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » Ce « si » nous rappelle notre liberté, notre responsabilité. Que notre oui est nécessaire. Que Dieu qui nous aime nous veut libres. Qu’il ne peut y avoir de relation amoureuse véritable avec lui sans notre implication, même si elle est bien limitée. Nous ne sommes pas seuls. C’est lui qui nous a choisis. Avec lui, avec son amour et sa miséricorde, malgré nos faiblesses et limites, tout est possible.

« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » La joie d’être aimé. La joie d’aimer. Merci Seigneur de nous partager ta joie et tout ce qui la rend possible dans notre vie.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mercredi 13 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (15, 1-8)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.

« Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.

« Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »

Cette image de la vigne est certainement celle qui nous révèle le mieux les relations d’amour entre le Père, le Fils et chacun de nous. Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne. » Pas seulement le cep, mais aussi les sarments. Bref, je suis toute la vigne. Saint Paul qui en avait une expérience profonde va dire autrement que la vigne, c’est le Corps Christ dont nous sommes tous les membres uniques et essentiels. Jésus dit également : « Mon Père est le vigneron. » Le rôle du vigneron, c’est de prendre soin de la vigne. Il doit l’émonder, la tailler pour qu’elle donne davantage de fruits. Sinon elle risque de ne produire que des feuilles. On dit que lorsqu’elle est émondée la vigne pleure, c’est-à-dire qu’elle perd un peu de sève avant la cicatrisation. Image de Dieu qui dans son amour émonde, nettoie, purifie; invite à la conversion, à grandir, à porter du fruit en abondance. Il n’y a pas de conversion sans effort, sans souffrance, mais aussi sans pardon, sans amour. C’est tout le travail de l’amour de Dieu dans nos vies.

Puis c’est l’image de la communion entre celui qui est toute la vigne, le Ressuscité, et les sarments que nous sommes. « Demeurez en moi, comme moi en vous. » Nous sommes tous unis à Jésus comme des sarments dans une vigne. Nous sommes vitalement unis à lui. Dans le Christ, en nous, il n’y a qu’une seule sève qui circule, qu’une seule vie qui s’écoule. Je ne vis vraiment que dans la mesure de mon attachement vital au Christ. Et c’est ce lien vital, cette participation à la vie du Christ qui nous permet de porter du fruit en abondance, des fruits qui viennent de lui, des fruits pour toute la vigne. C’est encore l’image de saint Paul : nous sommes tous les membres uniques et essentiels du Corps du Christ. « Moi, je suis la vigne, et vous les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

Et ce qui fait la gloire du Père, c’est qu’on soit les disciples de son Fils et qu’on porte des fruits en abondance, ces fruits qui sont tous des fruits d’amour. C’est qu’avec son Fils et l’Esprit Saint nous faisons partie de son grand projet d’amour pour le monde.

Quelle révélation inouïe! Quelle communion, quelle proximité avec Dieu! Quel amour fou de Dieu pour nous!

Est-ce que je me laisse émonder par l’amour du Père? Quels sont les fruits que le Seigneur produit en moi? Comment cette communion avec Dieu transparait dans ma vie? Est-ce que l’action de grâce en fait partie?

Merci Seigneur pour tant d’amour.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mardi 12 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (14, 27-31a)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi.

« Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. Désormais, je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car il vient, le prince du monde. Certes, sur moi il n’a aucune prise, mais il faut que le monde sache que j’aime le Père, et que je fais comme le Père me l’a commandé. »

Coucher de soleilAlors que ses disciples ont le cœur bouleversé et effrayé, Jésus leur donne sa paix. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. » Cette paix ne ressemble pas à celle du monde qui est recherche de tranquillité, absence de violence, de conflit, de guerre. Cette paix, c’est celle du Christ. Elle est confiance et abandon dans les mains du Père. Cette paix ne peut être accueillie qu’au fond du cœur dans la foi et elle prend toute sa force au milieu des tempêtes et des combats. C’est cette paix que Jésus transmet à ses disciples pour les aider à vivre sa mort et sa résurrection. C’est d’ailleurs de cette même paix que le Ressuscité aimait saluer ses disciples après sa résurrection. « La paix soit avec vous. »

Cette paix est une expérience à vivre et elle se manifeste souvent dans les moments difficiles de notre vie. Elle est paix du cœur dans la maladie, la souffrance, la perte d’un proche, une difficulté de relation, un échec… Elle apporte solidité, force et lumière. Elle permet non seulement de passer au travers, mais aussi d’avancer avec espérance. C’est que le Ressuscité nous y accompagne.

«  Je m’en vais et je reviens vers vous. » C’est la mort et la résurrection du Christ qui va lui permettre de se faire présent à tous et de nous associer à sa résurrection. Désormais, le prince du monde n’a plus de pouvoir sur nous. Désormais, si on le veut bien, avec le Ressuscité nous serons les grands vainqueurs.

Que cette paix du Ressuscité soit votre assurance et votre force dans tout ce que vous vivez.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Lundi 11 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (14, 21-26)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » Jude – non pas Judas l’Iscariote – lui demanda : « Seigneur, que se passe-t-il? Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde? »

Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.

« Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

MerNous sommes le soir du Jeudi saint, la peur s’empare des disciples. Que va-t-il se passer? Pour les réconforter et pour se réconforter lui-même, Jésus leur parle d’amour : de son besoin d’amour, de ceux qu’il aime et que son Père aime, de ceux qui l’aiment. « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime. » C’est celui qui se sait aimé et qui lui fait confiance. D’où la question de Jude : « Seigneur, que se passe-t-il? Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde? » Les disciples et c’est aussi souvent notre cas, nous souhaiterions parfois que le Seigneur se manifeste publiquement dans toute sa gloire, s’impose avec puissance et force. Or la seule manifestation que Jésus fait, et c’est encore ce qu’il fait aujourd’hui, c’est qu’il vient habiter le cœur de ceux qui l’aiment, de ceux qui croient en lui. Pour les autres, il semble absent. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. »

Voilà comment le Seigneur manifeste sa présence dans le respect de la liberté de chacun. Il ne force pas les portes. Mais sa porte est toujours ouverte. Il voudrait bien se manifester à tous, mais quand les personnes sont prêtes. On ne peut pas forcer l’amour.

Mais il compte sur ceux qui l’aiment, ceux qu’il habite déjà pour le manifester à tous ceux qui ne l’ont pas encore rencontré : par le témoignage de leur vie, par leur façon d’aimer leurs proches, mais aussi les plus pauvres, les plus démunis, ceux qui ont besoin. La vie chrétienne, c’est une expérience d’amour avec le Christ qu’on ne peut garder pour soi, mais qu’il nous faut partager avec tous ceux qui le veulent bien. La mission qui est d’abord celle du Ressuscité, mais qu’il veut bien partager avec nous, c’est donc essentiellement une affaire d’amour. Et elle n’est possible que par le don de l’Esprit Saint qui lui nous précède toujours, prépare les cœurs et en même temps prépare le nôtre pour qu’il soit capable de bien accueillir ceux que le Seigneur met sur notre route.

Merci Seigneur pour ton amour si humble capable de transformer nos vies au point d’en faire un humble signe de ta présence et de ton amour pour ceux qui te cherchent.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Dimanche 10 mai 2020 – 5e Dimanche de Pâques

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (14, 1-12)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures; sinon, vous aurais-je dit : ‘Je pars vous préparer une place’? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. »

Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »

Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : ‘Montre-nous le Père’? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi!

« Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père ».

Une roseL’Évangile de ce dimanche (Jean 14, 1-12) est une reprise de celui de vendredi (Jean 14, 1-6) et de samedi dernier (Jean 14, 7-14).

Je vous invite à y revenir parce qu’il est d’une grande richesse. La première partie nous présente Jésus comme celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, le seul capable de nous accompagner et de nous guider vers le salut, ce que le Père veut pour chacun de nous. La seconde partie nous permet de découvrir, de contempler l’amour fou de notre Dieu, son projet d’amour pour nous tous et la place que nous y avons.

Ce dimanche de la fête des Mères est une belle occasion de rendre grâce au Seigneur pour celle qui nous a donné la vie et qui par son amour, sa foi et son témoignage a été notre premier guide sur le chemin de celui qui est la Vie.

Bonne fête à toutes les mamans.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Samedi 9 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (14, 7-14)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père; cela nous suffit. »

Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père”? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes.

Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. »

Pousses du printempsQui est Dieu? Il y a presque autant de réponses qu’il y a de personnes, sans compter tous ceux de plus en plus nombreux qui doutent ou nient son existence. À l’époque de Jésus, il y avait une multitude de Dieu et le peuple juif avait fait peu à peu l’expérience d’un Dieu qui se révélait à lui. C’est toute l’expérience du peuple de Dieu dans l’Ancien Testament. Avec Jésus la révélation se poursuit. C’est Dieu lui-même qui choisit de rejoindre les humains dans leur condition humaine en son Fils. Un mystère qui échappait à Philippe.

« Celui qui m’a vu a vu le Père », affirme Jésus. En le voyant, c’est le Père qu’on voit : Il est la parfaite image du Père. En l’écoutant, c’est le Père qu’on entend : il est le Verbe, la parfaite Parole du Père. En le suivant, c’est le Père qu’on suit : il est le chemin qui conduit au Père. Toutes les œuvres de Jésus : son incarnation, sa prédication, sa mort sur la croix, sa résurrection, la fondation de son Église sont aussi les œuvres du Père. « Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi. » Contempler Jésus, le Fils de Dieu fait homme, c’est contempler le Père.

Et encore bien davantage. En prenant notre condition humaine, le Fils de Dieu ressuscité par le Père et par le don de l’Esprit Saint va nous associer à lui au point de faire de nous des fils et des filles bien-aimés du Père, capables de poursuivre par lui et avec lui les œuvres du Père. « Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes… » En effet, la mission qu’il nous a confiée reste sa mission qui est aussi celle du Père. On ne peut l’accomplir que les yeux et le cœur branchés sur le Ressuscité et sur le désir de faire sa volonté. On ne peut l’accomplir que dans la prière, l’écoute de l’Esprit et dans l’action de grâce. « Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. »

C’est lui notre Dieu, tel qu’il se révèle. C’est lui que j’ai à connaitre avec sa grâce, à le connaitre dans le sens biblique, c’est-à-dire dans l’expérience d’une relation amoureuse avec lui. Un Amour à accueillir au point de me laisser transformer par lui, de lui permettre de faire de moi un fils ou une fille du Père, de me rendre capable d’aimer un peu comme lui et de participer à sa mission de sauver le monde. Un amour à partager et à faire connaitre pour mon bonheur et celui de tous ceux et celles qui le veulent bien.

Seigneur, fais-moi la grâce de savoir te contempler partout où tu es, partout où tu agis. De t’accueillir tel que tu es, comme tu veux te faire connaitre, même si souvent tu sais me surprendre. Surtout, ne permet pas que je puisse te diminuer, te défigurer, te réduire à ce que je voudrais que tu sois. Au contraire, fais-moi la grâce de découvrir ce que je suis dans ton cœur et le désir de le devenir avec ta grâce.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Vendredi 8 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (14, 1-6)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place”? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. »

Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »

FleursLes disciples sont bouleversés. Ils ne savent pas ce qu’ils vont devenir. Celui qu’ils aiment, celui qu’ils suivent depuis trois ans risque de leur être enlevé. Ils risquent de se retrouver tout seuls. Il y a des moments dans nos vies ou dans celles de ceux qu’on aime, qu’on ne peut contrôler, qui nous échappent et qui risquent de tout changer dans nos vies : mortalité, maladie, échec de toutes sortes. Où tout semble bloqué, sans avenir, sans espoir. « Que votre cœur ne soit pas bouleversé », leur dit le Seigneur. Vous avez foi en Dieu, faites-moi confiance. Vous n’êtes pas seul. Je vais être là avec vous. Je vais veiller sur vous. Je vais vous combler de paix. Il y a un amour pour vous.

Oui je pars. Je vais vers le Père, vers la maison de mon Père, je m’en vais vous préparer une place. Et revenir vous prendre avec moi afin que là où je suis, vous soyez vous aussi. Il ne s’agit pas seulement d’une présence nouvelle. Il s’agit d’une transformation radicale de ce que nous sommes, de partager la résurrection du Christ et un jour de partager sa gloire dans la maison du Père.

Et pour cela, pour y arriver, il y a un chemin. « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » Le chemin, c’est le Ressuscité qui vient nous prendre avec lui. Celui qui peu à peu nous montre la route, nous y accompagne et nous permet d’avancer. Voilà pourquoi on désignait les premiers chrétiens comme ceux de la voie. Le Ressuscité est le chemin (la voie), mais aussi la Vérité parce qu’en tant que fils du Père incarné parmi nous, il est la parfaite expression du Père et finalement il est la Vie parce qu’il nous introduit dans la communion du Père qui est source de la vraie vie, de la vie éternelle.

Pour saint Jean, ce retour du Ressuscité pour nous associer à sa condition glorieuse n’est pas que pour la fin des temps, mais dès maintenant, dans le temps de l’Église qui est son propre Corps dont il est la tête et le cœur.

Avec le Ressuscité tout peut prendre sens. Tout peut s’éclairer. La vie est toujours plus forte que la mort. Avec lui, tout est toujours possible. Il y a toujours une issue. Et un jour, libéré du péché et de la mort, tout va se poursuivre avec le Père pour toujours. Quelle merveilleuse espérance!

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Jeudi 7 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (13, 16-20)

Après avoir lavé les pieds de ses disciples, Jésus parla ainsi : « Amen, amen, je vous le dis : un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie. Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites. Ce n’est pas de vous tous que je parle. Moi, je sais quels sont ceux que j’ai choisis, mais il faut que s’accomplisse l’Écriture : Celui qui mange le pain avec moi m’a frappé du talon.

« Je vous dis ces choses dès maintenant, avant qu’elles n’arrivent; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez que moi, JE SUIS. Amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. »

FleursLa réflexion sur le Temps pascal avec l’évangéliste saint Jean va se terminer avec les dernières confidences du Seigneur avec ses disciples, à son dernier repas, le soir du jeudi saint. On y retrouve l’essentiel de son enseignement.

Tout commence par le lavement des pieds. Pour saint Jean, ce geste est caractéristique de Jésus : de ce qu’il est, mais aussi de toute sa vie. C’est sa façon à lui d’aimer et c’est ainsi qu’il nous demande d’aimer à sa suite. « Un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie. » Il ne s’agit ici de beaux discours, d’une façon de parler. Il s’agit d’un choix de vie. Du bonheur de vivre à la manière du Ressuscité. « Heureux êtes-vous si vous le faites. » Comment suis-je serviteur? Comment ma vie est-elle un service? De qui suis-je le serviteur? Est-ce que je trouve là mon bonheur?

Et le Ressuscité va plus loin. Il nous associe à sa mission, à son ministère qui est de servir. « Si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. » C’est toute la notion de ministère dans l’Église : choisi, appelé, et envoyé par le Seigneur pour poursuivre sa mission d’une façon particulière avec les dons et les charismes reçus de l’Esprit Saint. Et le ministre est toujours au service de Celui qui l’a envoyé et également au service de ceux vers qui il est envoyé.

Et Jésus finalement annonce que certains parmi les disciples ne suivront pas cette voie du service. Qu’ils préfèreront abandonner. Mais que malgré tout, il faut tenir quand même, poursuivre la mission, car en cela nous sommes accompagnés par le « Je suis », Dieu lui-même, celui qui existe, celui qui est solide comme le roc.

Merci Seigneur de m’aimer assez pour me confier une petite partie de ta mission et ainsi de me permettre de partager un peu de ton bonheur et de ta joie.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mercredi 6 mai 2020

SAINT FRANÇOIS DE LAVAL

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (10, 11-16)

En ce temps-là, Jésus disait : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.

« Moi, je suis le bon pasteur; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père; et je donne ma vie pour mes brebis.

« J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. »

En cette fête de saint François de Laval, la liturgie nous propose le cœur de la parabole du Bon Pasteur.

Jésus le bon pasteur. Derrière le mot bon, il y a plusieurs attitudes : celui qui aime, celui qui protège, celui qui prend soin, celui qui guide, celui qui nourrit, celui qui rassemble.

Je suis le vrai berger : celui qui est fidèle, celui qui est honnête.

Je connais mes brebis. Dans la bible, le mot connaitre implique une relation d’amour. La connaissance qui lie Jésus et les siens trouve sa source dans l’amour qui le lie avec son Père. Et cet amour invite et rend possible la connaissance du berger par ses brebis.

Je donne ma vie pour mes brebis. C’est le don du Fils de Dieu sur la croix pour que tous vivent. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » C’est toute la grandeur de l’amour de Dieu pour nous.

J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie. Il faut que je les conduise avec les autres. C’est la mission du Ressuscité. Elle jaillit de son amour pour tous les humains : sauver tous les humains, les rassembler dans un même troupeau, autour de lui. Il est toujours prêt à rechercher les brebis perdues, les plus faibles et à les porter sur ses épaules. Et c’est cette mission, ce genre d’amour qu’il confie aux siens, à ceux qui sont déjà de son enclos. L’amour se partage, se donne.

Cette parabole est une description extraordinaire de notre Dieu. Dieu Père qui par amour envoie son Fils pour le salut de tous les humains. Du Fils qui nous rejoint dans notre condition humaine, qui donne sa vie sur la croix pour le salut de tous les humains et qui, ressuscité par le Père, poursuit sa mission avec nous tous, par nous tous qui sommes ses disciples-missionnaires, grâce au don de l’Esprit Saint. C’est toujours le même amour, l’amour trinitaire qui est la source de tout, un amour qui se donne. Amour qui peut devenir le nôtre si on le veut bien et qui nous rend déjà et de plus en plus participants de ce grand projet de l’amour de Dieu qui nous veut tous avec lui dans sa gloire pour l’éternité. Quelle merveille!

En terminant, je vous invite à prier le psaume 22.

Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbes fraîches il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre;
Il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal,
Car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis;
Tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie;
J’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mardi 5 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (10, 22-30)

On célébrait la fête de la dédicace du Temple à Jérusalem. C’était l’hiver. Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon. Les Juifs firent cercle autour de lui; ils lui disaient : « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine? Si c’est toi le Christ, dis-le-nous ouvertement! »

Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. Mais vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.

Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »

RivièreCette parabole du Bon Pasteur comme celle du Pain de Vie provoquent la division chez les Juifs. Certains sont en admiration devant Jésus. Il peut guérir un aveugle de naissance. D’autres au contraire s’opposent à lui.

Qui es-tu? Es-tu le Christ, le Messie, celui que nous attendons?

Pourtant dans l’Évangile de Jean, Jésus l’affirme plusieurs fois. Mais on n’arrive pas à reconnaitre en lui celui qu’on attend, celui qu’on espère, celui qui va rétablir la puissance d’Israël. Ses œuvres sont tellement différentes de celles qu’on attendait. « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. » Vos yeux sont comme celui de l’aveugle de naissance. Ils ont besoin d’être guéris par la foi. Vous n’êtes pas de mes brebis. Elles écoutent ma voix, elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle et personne ne peut les arracher de ma main parce que c’est le Père qui me les a données.

C’est la force de la foi au Christ qui est ici affirmée. C’est un don de Dieu qui nous fait entrer dans l’univers de Dieu, dans ce qu’il est, qui fait de nous des fils et filles bien-aimés du Père, appelés à la résurrection et à la vie éternelle. Rien ne peut la détruire de l’extérieur. Elle peut résister à tout. À moins qu’on néglige la relation, qu’on se tienne loin, qu’on se laisse envahir par le doute, la morosité, la désespérance. Bref qu’on redevienne l’aveugle de naissance de l’évangile.

Merci Seigneur pour le don, la grâce de la foi qui nous permet de te connaitre, d’expérimenter peu à peu l’amour que tu as pour nous, pour tous les humains. Veille sur nous. Sois notre force, notre réconfort et notre espérance.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Lundi 4 mai 2020

BIENHEUREUSE MARIE-LÉONIE PARADIS

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (22 24-30)

En ce temps-là, les Apôtres en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand? Mais Jésus leur dit : « Les rois des nations les commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs.

« Pour vous, rien de tel! Au contraire, que le plus grand d’entre vous devienne comme le plus jeune, et le chef, comme celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert? N’est-ce pas celui qui est à table? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.

« Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves. Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes, pour juger les douze tribus d’Israël. »

Vert printempsAujourd’hui, nous célébrons la fête de Marie-Léonie Paradis, la fondatrice de la Congrégation des Petites Sœurs de la Sainte-Famille qui avait comme mission de servir le Christ en soutenant la mission sacerdotale des prêtres.

Le texte de saint Luc choisi pour la circonstance vient nous rappeler comment le Ressuscité est présent parmi nous. Comment il agit parmi nous. « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » Nous rejoindre et épouser notre condition humaine, servir par amour, donner sa vie par amour, compter sur nous pour poursuivre sa mission de sauver le monde. Voilà comment le Ressuscité se situe parmi nous. Pas d’en haut, mais d’en bas. Comme celui qui sert. C’est sa façon à lui de nous aimer.

Une façon d’aimer qui nous est bien difficile même si on en trouve des traces dans le fond de nos cœurs. Ne sommes-nous pas créés à l’image et à la ressemblance de Dieu? D’où la querelle des apôtres pour savoir qui était le plus grand parmi eux. Nous vivons à une époque où le paraitre, la réussite, la reconnaissance, la considération, être premier c’est important. Le Ressuscité vient nous rappeler que pour lui le plus grand, c’est celui qui par amour se fait serviteur, accepte par amour de laver les pieds de ceux qui lui sont confiés ou bien de ceux que le Seigneur met sur sa route, en particulier les plus petits, les plus démunis.

Et il y a une promesse du Ressuscité pour ses apôtres et pour tous ceux qui y travaillent : « Et moi je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. Ainsi vous mangerez et boirez à la table dans mon Royaume. »

« Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins et vos lampes allumées. Amen je vous le dis : c’est Lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. » (Luc 12,35-37)

Voilà comment le divin peut transformer nos vies. Voilà comment vivre à la manière du Ressuscité. Cela se manifeste comment dans ma vie? Est-ce que je le remarque chez d’autres?

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Dimanche 3 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (10, 1-10)

En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »

Jésus employa cette image pour s’adresser aux pharisiens, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé; il pourra entrer; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »

PontNous poursuivons notre réflexion sur le Temps pascal avec l’Évangile de saint Jean. Il y a eu d’abord les apparitions du Ressuscité, puis le discours du Pain de Vie et maintenant, pour quelques jours, la parabole du Bon Pasteur, merveilleuse image alors que nous célébrons aujourd’hui la journée mondiale de prière pour les vocations.

Le contexte est celui d’une opposition très forte des pharisiens. Jésus vient juste de guérir un aveugle de naissance le jour du sabbat. Les pharisiens s’attaquent avec force à l’aveugle qui témoigne de sa guérison. Contexte qui nous rappelle que la vie chrétienne, même aujourd’hui, n’est pas toujours facile. Nous vivons dans une société pluraliste où il y a toutes sortes de façons de penser, où la foi chrétienne peut sembler pour plusieurs dépassée, d’un autre âge.

Dans ce contexte, Jésus se présente comme le bon berger, celui que le Père (le portier) a envoyé pour prendre soin de ses brebis. Il les aime. Il les appelle chacune par son nom. Il les fait sortir. Il les conduit et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Il veut leur bien : « Moi je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »

Il se présente aussi comme la porte, le seul capable de donner accès à un espace nouveau, différent de tous les autres, qui ouvre sur de nouveaux horizons : sur le divin, sur la résurrection, sur la vie même de Dieu, sur la vie divine qui dure éternellement. Il est la porte parce qu’il est le Ressuscité qui partage la gloire du Père. Il est le chemin parce qu’il est venu parmi nous pour nous le montrer et que, maintenant ressuscité, il continue de nous attirer sur ce chemin de résurrection par sa présence en nous, dans sa Parole, ses sacrements et son action dans le monde. « Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé; il pourra entrer; il pourra sortir (avec une liberté toute nouvelle) et trouver un pâturage (toute la nourriture nécessaire). »

Il y a là un choix à faire. Choisir le Ressuscité, la seule porte capable de faire de nous des fils et des filles de Dieu et de nous faire entrer dans la vie éternelle. Pas tout seul, mais avec tous ceux qui chacun à leur manière ont fait le même choix. Pas tout seul, mais comme l’aveugle de naissance guéri par le Seigneur, en témoignant à tous ceux qui veulent bien l’entendre des merveilles que le Ressuscité a faites dans nos vies, chacun selon sa vocation, selon les appels du Seigneur.

Aujourd’hui Seigneur, je te rends grâce des merveilles que tu fais dans nos vies qui donnent une dimension divine à toute notre existence. Suscite les vocations dont notre monde a besoin pour que chacun selon ses appels et charismes puisse en témoigner avec joie.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Samedi 2 mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (6, 60-69)

En ce temps-là, Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude! Qui peut l’entendre? »

Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant!... C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. »

Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »

À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

L’Eucharistie est un enseignement difficile pour ceux qui suivaient Jésus. Jusque-là il captivait les foules. Mais là le mystère est trop grand. La plupart des disciples vont le quitter. Les douze vont rester ainsi que quelques disciples.

C’est que cela prend la foi pour rester. La foi c’est adhérer, faire confiance, se laisser guider, se laisser aimer, c’est aimer. C’est accueillir sa Parole. C’est une grâce, un don. C’est l’Esprit qui permet de saisir un peu du mystère et de le vivre, de rencontrer le Ressuscité et d’en vivre. Car « personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » C’est un choix libre. C’est une expérience à vivre. C’est l’humble réponse de Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

Aujourd’hui, l’Eucharistie est un sacrement de plus en plus délaissé, incompris. On s’en passe facilement et parfois avec bonheur. C’est qu’on n’y voit plus la présence et l’action du Ressuscité. On ne perçoit plus sa grande force de transformation et de croissance. On n’a plus l’expérience de la prière communautaire, de l’écoute de la Parole. Elle ne fait plus partie du besoin de la majorité des baptisés.

C’est donc à ceux qui ont la grâce d’en expérimenter toute la richesse d’en être les témoins. Par leur façon de la vivre en communauté, en partageant ce qu’elle leur apporte et en y amenant au niveau du cœur plein de gens, ceux qu’ils aiment, ceux qui passent par des moments difficiles; en priant pour eux, en les confiant au Seigneur. Un chrétien, une chrétienne ne va jamais seul à la messe.

Merci Seigneur de m’accueillir à ton repas comme je suis, même si parfois mon cœur est bien loin de toi. J’ai tellement besoin de ton Pain de vie.

Est-ce que je souffre de ne pas pouvoir communier sacramentellement en ce temps de confinement? Comment je reste en communion avec la communauté? Comment je garde le contact avec la Parole de Dieu?

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Vendredi 1er mai 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (6, 51-59)

« Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger? »

Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

« En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.

« Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

Voilà ce que Jésus a dit alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm.

FleursJusqu’ici, le discours du pain de vie nous parlait de faim, de soif profonde que seulement la foi au Christ Ressuscité pouvait combler. Pain vivant, descendu du ciel pour donner la vie éternelle. Maintenant il cherche à nous faire découvrir que tout cela se réalise, se vit au plus haut point dans l’Eucharistie.

« Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. » On reconnait bien le « Prenez et mangez, ceci est mon corps livré pour vous » et le « Prenez et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang » du dernier repas du Seigneur et sa demande : « Faites ceci en mémoire de moi. » Il y a là une nécessité parce que comme tous les sacrements, l’Eucharistie, loin d’être un simple rite, est en réalité une action du Ressuscité qui nous rejoint dans notre vie. C’est d’abord lui qui agit, qui transforme, qui accomplit, qui fait grandir, bref qui donne la vie.

L’Eucharistie est un sacrement de foi dans le Ressuscité : manger son corps, boire son sang, bref tout son être. Voilà une idée bien étrange pour les auditeurs de Jésus. Pourtant Jésus y avait préparé ses disciples par son miracle de la marche sur les eaux. Le Ressuscité, c’est celui qui échappe aux lois physiques et qui se rend présent et agit (c’est toujours lui qui prend l’initiative) par des signes capables de transformer nos vies.

Voilà comment le Ressuscité agit dans ce repas qui est le sien et auquel il invite tous ceux qui croient en lui et désirent vivre de lui :

- « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi je le ressusciterai au dernier jour. » L’Eucharistie nous fait communier à la résurrection du Christ. C’est une nourriture capable de faire de nous peu à peu des ressuscités, de nous indiquer le chemin à prendre, la route à suivre (par sa Parole) et la force pour y arriver. Route qui nous associe à la vie même du Vivant, à la vie éternelle. Route partagée avec tous les autres ressuscités, route de solidarité et d’entraide.

- « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi je demeure en lui. » L’Eucharistie est le sacrement de la communion que le Ressuscité réalise en nous. Demeurer c’est être avec, c’est vivre avec, Lui avec moi, moi avec Lui. C’est une relation amoureuse dans laquelle il a toujours l’initiative et qui nous invite à le choisir. Invitation également du Ressuscité à demeurer avec nos frères et sœurs, tous ceux qui sont dans son cœur, avec tous ceux qui nous sont confiés, avec tous ceux qu’il met sur notre route, en particulier les plus pauvres, les plus démunis.

- « De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. » Vivra par moi comme une branche vit de la sève d’un arbre; comme une renaissance, celle du baptême qui fait de nous des fils et des filles du Père. Vivra pour moi. Comme le Vivant a consacré sa vie au Père et a vécu totalement pour lui, il nous invite à vivre pour lui et à partager sa mission.

Merci Seigneur de te faire si proche de nous. De te donner en nourriture pour que nous puissions te connaitre, expérimenter peu à peu qui tu es, qui nous sommes pour toi, qui sont ceux qui nous entourent et la joie de partager ta mission dans le monde.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Jeudi 30 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (5, 1-12a)

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.

« Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux! »

SouriezAujourd’hui, une petite pause dans notre lecture de l’Évangile de saint Jean. C’est que nous fêtons sainte Marie de l’Incarnation, une grande mystique de chez nous, considérée comme la Thérèse du Nouveau Monde. L’évangile choisi est celui des Béatitudes, un texte d’une grande importance alors que nous sommes au cœur du Temps pascal.

Les Béatitudes, le chemin qui a été celui de Jésus pendant sa vie terrestre, chemin qui l’a amené à la Résurrection. Chemin du Ressuscité. Chemin qu’il propose à tous ses disciples, ceux qui veulent vivre de lui.

Chemin de sainteté. C’est d’ailleurs celui que le pape François propose dans son exhortation apostolique « Soyez dans la joie et l’allégresse ». Un appel à la sainteté dans le monde actuel.

Je vous invite à lire, à méditer, à prier le chapitre 3 intitulé « à la lumière du Maître ». C’est seulement quelques pages et elles sont lumineuses.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mercredi 29 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (6, 35-40)

En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim; celui qui croit en moi n’aura jamais soif.

« Mais je vous l’ai déjà dit : vous avez vu, et pourtant vous ne croyez pas. Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors.

« Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

Lac paisibleCe passage de saint Jean nous parle d’abord de foi. « Celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » La foi qui n’est pas d’abord une connaissance, un savoir, une façon de vivre, mais bien un don de Dieu, une initiative divine, le Verbe de Dieu fait chair. « Moi je suis le pain de la vie ».

Mais aussi de réponse à la foi. « Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ». Venir, c’est choisir le Ressuscité, c’est accueillir son don, c’est lui faire confiance. C’est une expérience d’amour qui comble, un attachement à sa personne, une communion qui fait du bien, qui rassasie. Mais qui peut aussi être longue et difficile.

Et venir à Jésus, c’est aussi vouloir comme Jésus faire la volonté du Père. C’est vouloir l’accomplir dans sa vie de chaque jour, dans ce que je suis, dans ce que je fais. C’est se laisser conduire par lui. Voilà le seul chemin qui conduit à la sainteté, à la résurrection, à la véritable paix, à la joie totale.

Et venir à Jésus, c’est aussi participer à sa mission : « Telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. » C’est y apporter ma contribution, mon témoignage, c’est accepter qu’il ait besoin de moi, qu’il passe par moi.

« Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour ». Merci Seigneur d’y travailler patiemment, sans relâche, avec tout ton amour, toute ta miséricorde. Merci de m’associer à ta vie, de faire de nous des ressuscités.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mardi 28 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (6, 30-35)

En ce temps-là, la foule dit à Jésus : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire? Quelle œuvre vas-tu faire? Au désert, nos pères ont mangé la manne; comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »

Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. »

Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »

Dernier repasNous continuons notre réflexion du temps pascal avec saint Jean qui nous interroge sur nos faims, nos soifs. Qu’est-ce qui nous fait vivre? Qu’est-ce qui nous fait agir?

Pour la foule, il y a la faim matérielle, celle du corps. Voilà pourquoi elle était tellement impressionnée par le miracle de Jésus, celui de la multiplication des pains. Elle évoque aussi la manne que Dieu avait donnée à son peuple pour le nourrir dans le désert. Il y a aussi sans doute chez elle l’espérance de la venue du Messie comme celui qui viendrait rétablir la grandeur d’Israël. « Quelle œuvre vas-tu faire? »

Jésus vient combler une autre faim beaucoup plus profonde. Pas celle du corps ni celle du prestige. Mais celle du cœur, la faim de Dieu, celle qu’on peut trouver au plus profond de nous-mêmes, celle qui ne peut être comblée que par lui seul. « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » C’est lui le vrai pain du ciel qui ne peut être accueilli que par la foi. Celui à qui on donne toute la place. Celui capable de nous transformer. Celui capable de donner sens à notre vie. Celui capable de nous combler, de nous apporter paix, joie et espérance.

Est-ce que c’est le Pain que je choisis vraiment? Que je mets au cœur de ma vie? À la source de tout ce que je fais, de tout ce que je vis? Source de paix et de joie pour aujourd’hui, mais aussi pour la vie éternelle?

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Lundi 27 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (6, 22-29)

Jésus avait rassasié cinq mille hommes, et ses disciples l’avaient vu marcher sur la mer. Le lendemain, la foule restée sur l’autre rive se rendit compte qu’il n’y avait eu là qu’une seule barque, et que Jésus n’y était pas monté avec ses disciples, qui étaient partis sans lui. Cependant, d’autres barques, venant de Tibériade, étaient arrivées près de l’endroit où l’on avait mangé le pain après que le Seigneur eut rendu grâce.

Quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus. L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici? »

Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. » Ils lui dirent alors : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu? » Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »

MerUne grande foule avait assisté à la multiplication des pains par Jésus. Si bien qu’on le cherchait un peu partout. Ils le trouvèrent sur l’autre rive. « Vous me cherchez parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. » Mais vous n’avez pas compris le signe : c’est moi le Pain de Vie, le seul capable de vous rassasier en profondeur. Il y a deux sortes de nourriture et deux sortes de vie. L’une est pour le corps, pour une vie périssable. L’autre qui vient du ciel est pour la vie éternelle. Créé par Dieu et fait pour Dieu, l’être humain a faim de Dieu. Il le cherche partout et rien en dehors de Dieu ne peut le satisfaire entièrement. Toutes les nourritures terrestres sont incapables de le combler totalement.

Alors que faut-il faire? La seule chose à faire, c’est de croire en celui que Dieu a envoyé, le Pain vivant capable de nous donner la vie éternelle, capable de nous combler totalement et pour toujours. C’est de mettre sa foi, son espérance en lui. C’est de se laisser nourrir par lui, par ce qu’il est, par tout ce qu’il fait, par toute sa vie. C’est de se laisser transformer par lui. Lui, le Vivant, le seul capable de faire de nous des vivants comme lui.

C’est cela être chrétien, chrétienne. Ce qui vient colorer toute notre vie, tout ce que nous sommes, tout ce que nous faisons, tout ce qui se passe autour de nous et dans le monde.

Aujourd’hui, je rends grâce au Seigneur pour la grâce de la foi. De croire en lui malgré mes limites, mes faiblesses, mes doutes de toutes sortes et je lui demande que la foi prenne de plus en plus de place dans ma vie.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Dimanche 26 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (24, 13-35)

Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.

Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »

Il leur dit : « Quels événements? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures? »

À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

Jeunes en marcheLe récit de l’apparition du Ressuscité aux disciples d’Emmaüs ressemble aux autres récits, mais il semble avoir été construit pour nous faire saisir comment il peut se manifester à nous pour nous rejoindre dans ce que nous vivons.

Jésus ressuscité rejoint les deux disciples sur la route, la route de leur vie. Il marche avec eux même s’ils ne le reconnaissent pas. Il les questionne, écoute leur désespoir, leur peine, leur souffrance, leur doute. Eux aussi, comme les autres proches de Jésus, n’attendent pas la résurrection. Ils sont même insensibles au témoigne de quelques femmes. C’est dans tout cela qu’il va les rejoindre et les aider à passer de leur désespérance à la foi en sa résurrection. N’est-ce pas ce qu’il cherche à faire dans chacune de nos vies, particulièrement dans ces moments où c’est difficile?

Il va les aider d’abord à saisir ce qui se passe au moyen des Écritures. « Et partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. » N’est-ce pas pour nous une invitation à le rechercher dans les Écritures? La Parole de Dieu, qui est Dieu qui me parle aujourd’hui, qui me rejoint dans ma vie, dans mes préoccupations pour me soutenir, m’éclairer, m’aider à aller plus loin. Le Ressuscité qui marche avec moi. « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures? »

Puis leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent à la fraction du pain. Là où le Ressuscité se donne en nourriture pour nous unir à lui, nous rapprocher de lui, faire davantage communion avec lui. Mais aussi avec nos frères et sœurs puisque c’est son repas pour la famille, sa famille.

Et de la fraction du pain jaillit la mission. Il disparait à leurs yeux, mais il est avec eux et à l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. L’eucharistie, expérience de communion qui se transforme en mission. Est-ce mon expérience? Comment je vis cette période de confinement privé de l’eucharistie? Est-ce que j’ai faim de son Pain de vie, du pain de mes frères et de mes sœurs? Est-ce que j’en profite pour donner plus de place aux Écritures?

Je rends grâce au Seigneur de marcher avec nous chaque jour, dans tout ce que nous vivons et parfois de nous faire signe par sa Parole et son Pain de Vie.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Samedi 25 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (16, 15-20)

En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé; celui qui refusera de croire sera condamné.

« Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons; ils parleront en langues nouvelles; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »

Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.

Normalement, nous devrions poursuivre notre réflexion sur le Pain de Vie avec le récit de la marche sur les eaux qui cherche à nous montrer que Jésus échappe déjà aux lois de la matière. Ce Corps qu’il donnera en nourriture, c’est son corps ressuscité.

Nous célébrons aujourd’hui la fête de Marc l’évangéliste, d’où le choix du texte d’aujourd’hui. Une espèce de conclusion qui n’est peut-être pas de saint Marc et qui s’inspire beaucoup des Actes des Apôtres où l’Esprit Saint est à l’œuvre dans les croyants.

La mission est confiée aux onze apôtres par le Ressuscité. La mission est large, elle est pour tous. « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé. » Et guidé par l’Esprit, le baptisé lui aussi participera à la mission. Il deviendra un témoin puissant de celui qui l’habite. « Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants. » Habités de l’Esprit, ils parleront « en langues nouvelles ». Comme au jour de la Pentecôte, ils parleront un langage, celui de leur vie, que tous pourront comprendre. « En mon nom, ils expulseront les démons ». Ils lutteront contre toutes les formes de péchés; contre toutes les formes de mal : la pauvreté, l’exclusion, l’égoïsme, la destruction de la nature, la souffrance, tout ce qui détruit la maison commune. « Ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » Ils lutteront contre la maladie par leur présence, leur engagement, leurs prières.

Le Ressuscité veillera sur eux, les protégera et rendra féconds tous leurs efforts. « Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient. »

Aujourd’hui, je rends grâce au Seigneur de nous avoir associés à sa mission et d’y travailler patiemment avec nous tous.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Vendredi 24 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (6, 1-15)

En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples.

Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. »

Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde! » Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.

Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.

À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.

MerNous abordons aujourd’hui la lecture du chapitre 6 de saint Jean : une réflexion sur la foi, sur l’Eucharistie. Il commence par le récit de deux miracles de Jésus, la multiplication des pains et la marche de Jésus sur les eaux, et se poursuit par le discours sur le Pain de Vie.

D’abord le récit de la multiplication des pains. Il ne fait aucun doute que saint Jean fait allusion à l’Eucharistie. Lorsqu’il écrit son évangile, les premières communautés chrétiennes célébraient déjà l’Eucharistie depuis au moins 40 ans.

« Comment pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger? » Pour Jésus, il s’agit d’un geste d’amour. Il se préoccupe du bien-être de la foule qui l’écoute, de son besoin de nourriture. Constamment, Jésus est sensible à ce que vivent les gens : leur maladie, leur souffrance… Il se préoccupe tout autant de leurs besoins intérieurs, de leur faim intérieure et de les nourrir par sa Parole et son Pain de Vie.

C’est une tâche difficile pour les disciples. Mais Jésus leur demande de collaborer. « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons. » Qu’est-ce qu’on peut faire avec si peu? (5 pains, 2 poissons) C’est une question qui est fréquente. Devant les problèmes de faim, d’inégalité, de paix dans le monde, que pouvons-nous faire? Il nous faut travailler inlassablement même si nos moyens sont bien dérisoires à première vue. « Ce que vous faites aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites. » Et c’est aussi pour collaborer à nourrir les cœurs que Jésus leur laisse ce qui va leur permettre d’y parvenir : le Pain de Vie capable de nourrir tous ceux qui le veulent bien.

« Alors Jésus prit le pain et après avoir rendu grâce le leur distribua » à partir du peu que possédaient les disciples. L’Eucharistie, une offrande, une action de grâce. L’Eucharistie, un don de Dieu pour nourrir son peuple. Un don qui jaillit de sa préoccupation de nous aimer et de nous donner tout ce qu’il nous faut. Qui fait appel en nous au souci du partage, de la solidarité, du service des autres. Ces mêmes attitudes sont aussi essentielles pour bâtir la maison commune dont nous parle si souvent le pape François, que pour lutter contre le coronavirus.

Je te rends grâce Seigneur de nous avoir associés à ton désir de nourrir les corps et les cœurs.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Jeudi 23 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (3, 31-36)

« Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage.

« Mais celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai. En effet, celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans mesure. Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui refuse de croire le Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. »

PapillonL’Évangile de Jean continue à nous inviter à la contemplation de la grandeur de Dieu et de son Fils bien-aimé.

Jésus, le Fils de Dieu fait homme, qui nous a rejoints dans notre condition humaine en tout sauf le péché, vient d’en haut. Il connait l’amour du Père pour les humains, il sait l’importance que nous avons tous pour lui. Il nous aime comme lui.

Jésus nous parle des choses d’en haut. « Il dit les paroles de Dieu. » Il nous parle de Dieu. « Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main. » « Il lui a donné l’Esprit sans mesure. » Croire en Jésus, accueillir son témoignage, c’est accueillir l’amour de Dieu. C’est accueillir son projet d’amour pour chacun de nous. C’est vivre de lui, c’est avoir la vie éternelle. Refuser de croire volontairement, c’est se couper de ce qui vient d’en haut, c’est se couper de la vie. « Celui qui est de la terre est terrestre et il parle de façon terrestre. »

Est-ce que je suis ouvert aux choses d’en haut? Est-ce que je les laisse envahir ma vie? Est-ce qu’elles donnent sens à ma vie? En quoi elles colorent ma vie dans ce temps difficile du coronavirus?

Aujourd’hui, je rends grâce au Seigneur d’envahir ma vie par sa divinité.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mercredi 22 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (3, 16-21)

« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

« Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

Vie nouvelleCertains passages dans l’évangile de Jean sont de véritables contemplations de Dieu et de son projet d’amour pour le monde. Celui-ci en est sans doute la plus belle synthèse. Un merveilleux passage pour la prière!

« Dieu a tellement aimé le monde » Tout vient de cette initiative divine. Dieu est Père. Dieu est amour. Son amour est sans limites pour le monde qu’il a créé par amour, à son image et à sa ressemblance.

« Qu’il a donné son Fils unique » C’est la plus grande preuve de son amour pour les humains, pour le monde. Il nous a donné ce qu’il a de plus précieux, son Fils bien-aimé. Il ne pouvait donner davantage. C’est le don par excellence.

« Afin que quiconque qui croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » Voilà pourquoi le Père nous donne son Fils. C’est pour que nous puissions vivre de lui, lui le Vivant par excellence. Mettre notre foi en lui, c’est vivre éternellement. La refuser, c’est mourir.

« Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde » L’incarnation, c’est l’idée du Père. Elle vient de son amour pour son Fils, de son amour pour le monde. Il est prêt à tout pour que nous ayons la vie.

« Non pas pour juger le monde, mais pour que par lui le monde soit sauvé. » Son amour est tellement grand qu’il nous a donné son Fils. Voilà pourquoi il est venu parmi nous. Voilà pourquoi il a pris notre condition humaine; pour nous associer à sa condition divine.

« Celui qui croit en lui échappe au jugement. » Dieu est prêt à tout pour nous sauver. Mais il respecte notre liberté. Nous avons une responsabilité dans notre salut : c’est d’y croire et de l’accueillir. Nous avons à accueillir la lumière, nous laisser transformer par elle et en vivre.

Et si je prenais le temps de contempler pareille merveille, de rendre grâce pour un tel amour, pour un tel don, pour une telle vie. Voilà ce qui peut colorer toute notre existence, lui donner sens, même ce que nous vivons présentement.

Aujourd’hui, je te rends grâce Seigneur pour tant d’amour qui sait en plus nous respecter, nous accompagner, nous attendre le temps qu’il faut.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mardi 21 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (3, 7b-15)

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Il vous faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » Nicodème reprit : « Comment cela peut-il se faire? » Jésus lui répondit : « Tu es un maître qui enseigne Israël et tu ne connais pas ces choses-là? Amen, amen, je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage.

« Si vous ne croyez pas lorsque je vous parle des choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel? Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. »

Vie nouvelleNicodème reprit : « Comment cela peut-il se faire? » Nicodème est un homme instruit, un spécialiste de la loi. Il cherche à comprendre avec tout ce qu’il est, avec tout ce qu’il sait. Mais la connaissance de l’Esprit est impossible à l’être humain, même pour les plus intelligents. Seul le Ressuscité peut nous le faire connaitre. Et pour cela, il faut se mettre à son écoute.

Comme Nicodème, nous sommes invités à nous faire humbles et à renoncer à notre besoin de tout comprendre par nous-mêmes. Il nous est demandé de nous laisser enseigner par le Ressuscité lui-même. C’est cela la foi. C’est faire confiance à Celui qui sait, à Celui qui a vu. C’est apprendre peu à peu à voir avec les yeux du Ressuscité. C’est se laisser peu à peu introduire par Lui dans le monde du divin. « Si vous ne croyez pas lorsque je vous parle des choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel? Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le fils de l’homme. »

Il y a là un choix à faire. Nicodème, comme les gens de son époque, a eu ce choix à faire. C’est le même choix que nous avons à faire aujourd’hui. Ou bien on accepte la Parole et le témoignage du Ressuscité, même sans tout comprendre, et on se laisse guider sur son chemin. Ou bien on choisit de mettre notre confiance en nous-mêmes ou ailleurs. Heureusement, ce choix n’est jamais définitif. Il est toujours temps de s’ouvrir au témoignage du Vivant, à Celui qui a donné sa vie sur la croix par amour pour le salut de tous.

Aujourd’hui, Seigneur je te rends grâce pour le don de la foi et du bout de chemin vécu avec toi qui peu à peu me fait naître de l’Esprit. Mais j’aimerais tant comme toi que tous puissent accueillir ta vie.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Lundi 20 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (3, 1-8)

Il y avait un homme, un pharisien nommé Nicodème; c’était un notable parmi les Juifs. Il vint trouver Jésus pendant la nuit. Il lui dit : « Rabbi, nous le savons, c’est de la part de Dieu que tu es venu comme un maître qui enseigne, car personne ne peut accomplir les signes que toi, tu accomplis, si Dieu n’est pas avec lui. »

Jésus lui répondit : « Amen, amen, je te le dis : à moins de naître d’en haut, on ne peut voir le royaume de Dieu. » Nicodème lui répliqua : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux? Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère et renaître? »

Jésus répondit : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair; ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne sois pas étonné si je t’ai dit : il vous faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. »

Vie nouvelleLe temps pascal, c’est 50 jours de réflexion sur la Résurrection du Christ. Jusqu’à dimanche dernier, la réflexion a porté sur les apparitions du Ressuscité. Durant les six prochaines semaines, l’évangile de saint Jean va nous aider à découvrir qui est le Ressuscité (une véritable contemplation) et comment il nous révèle les richesses mystérieuses de la vie divine qui maintenant nous atteignent et transforment notre vie.

Cette rencontre de Jésus avec Nicodème nous permet de découvrir ce qu’est cette nouvelle vie avec le Ressuscité. « Amen, amen, je te le dis : à moins de naître d’en haut, on ne peut voir le royaume de Dieu. » « Naître d’en haut » est l’expression que saint Jean prend pour nous faire comprendre ce que c’est que la vie avec le Ressuscité. La foi dans le Ressuscité nous fait accéder à un mode d’existence totalement nouveau parce que divin : c’est la vie de Dieu en nous. Il faut donc une nouvelle naissance. Le baptême est une véritable renaissance. C’est comme si tout était nouveau. C’est une résurrection, une transfiguration. « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » Nés d’abord de la nature humaine, le baptême nous permet de naître de l’Esprit, de naître de Dieu. Et naître du souffle de l’Esprit, c’est comme pour le vent. C’est accepter, choisir que ce soit l’Esprit qui nous pousse en avant et qui nous conduise peu à peu là où il veut bien. Oui, vivre avec le Ressuscité, c’est du neuf, du nouveau. C’est vivre en humain divinisé, animé par Dieu lui-même, participant de sa propre vie.

Est-ce que je suis conscient de cette transformation radicale vécue depuis mon baptême? Comment j’en fais l’expérience? En quoi je me sens atteint par le divin? Voilà pourquoi il y a le temps pascal : pour prendre le temps d’y réfléchir tout particulièrement au creux de notre vie de prière.

Aujourd’hui, je rends grâce Seigneur pour nous avoir associés à lui, à sa dignité de Fils de Dieu, à sa résurrection, à sa vie; de nous avoir divinisés.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Dimanche 19 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (20, 19-31)

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.

Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas! »

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Feuilles de printempsL’Évangile nous parle d’une double apparition aux disciples. Les deux parties se font le premier jour de la semaine, le dimanche qui va devenir le jour où les chrétiens vont se réunir pour l’Eucharistie, ou plutôt où le Ressuscité les invite à son repas. Comme pour toutes les rencontres avec le Vivant, c’est lui qui prend l’initiative de se faire reconnaitre. « Il leur montre ses mains et son côté. » Il leur souhaite la paix et les envoie en mission. « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Il les invite à prendre le relais de sa propre mission, ce qui ne peut se faire que par le don de l’Esprit Saint. Mission qui à la suite du Ressuscité est une mission de miséricorde : remettre, délier, libérer pour le salut de tous.

Thomas n’était pas à la première apparition et il refuse de croire au témoignage des disciples. C’est un homme concret. Il a besoin de voir, de toucher par lui-même pour croire. « Parce que tu m’as vu, tu crois », lui dit Jésus. « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » C’est voir autrement. En effet, c’est par l’expérience qu’on peut découvrir peu à peu les signes de la présence du Vivant dans nos vies, dans celles des autres, et dans les événements du monde. C’est tout aussi réel, mais cela demande la foi et en même temps c’est ce qui fait grandir.

Quelles sont mes expériences du Ressuscité qui soutiennent ma foi?

Aujourd’hui, je rends grâce au Seigneur pour la grâce de la foi qui permet aux croyants de vivre de la présence et de l’action du Christ dans leur vie.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Samedi 18 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (16, 9-15)

Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons. Celle-ci partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s’affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent que Jésus était vivant et qu’elle l’avait vu, ils refusèrent de croire.

Après cela, il se manifesta sous un autre aspect à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus.

Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité. Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. »

C’est la conclusion de l’évangile de Marc qui fait un résumé des rencontres avec le Ressuscité qu’on retrouve chez les trois autres évangélistes. Il fait ressortir que, pour chacun des témoignages (Marie Madeleine, les disciples d’Emmaüs), les onze réagissent négativement. Avec eux, on n’a vraiment pas affaire à des naïfs, des illuminés, mais plutôt des gens concrets, difficiles à convaincre. Si bien que le Ressuscité leur reproche leur manque de foi et la dureté de leur cœur. Ce n’est que par la suite, avec un peu de temps, en s’entraidant, qu’ils vont eux aussi reconnaitre le Ressuscité. Et la difficulté pour eux d’accueillir le témoignage de ceux qui les ont précédés les prépare certainement à la mission qui les attend, celle que le Seigneur leur donne personnellement : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. » Une tâche difficile, exigeante, qui les dépasse, mais qu’ils vont réaliser avec courage et espérance par le témoignage de leur vie.

C’est la mission que le Ressuscité confie encore aujourd’hui à tous ceux qui font l’expérience de sa rencontre. Cette rencontre qu’on ne peut garder pour soi-même, mais qu’il nous faut nécessairement partager avec les autres, ce qui est loin d’être facile dans le monde d’aujourd’hui. Il faut toujours se rappeler que c’est d’abord sa mission à lui, à laquelle il nous demande de collaborer avec confiance. Sans compter qu’il peut agir sans nous, au cœur des gens et de notre société. N’est-ce pas ce qu’il fait présentement au cœur de cette tragédie du coronavirus?

Aujourd’hui, je rends grâce au Ressuscité pour tous ceux qui témoignent de lui et de son amour avec courage, simplicité et humilité, avec la certitude qu’il nous précède toujours.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Vendredi 17 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (21, 1-14)

En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment. Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples. Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.

Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger? » Ils lui répondirent : « Non. » Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons.

Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.

Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons; la terre n’était qu’à une centaine de mètres. Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. » Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.

Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu? » Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche; il prend le pain et le leur donne; et de même pour le poisson. C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.

Bord de merLes apôtres sont revenus en Galilée sur le bord du lac de Tibériade. Pierre décide de revenir à son métier de pêcheur et plusieurs décident de se joindre à lui. Et comme cela peut arriver même à des pêcheurs d’expérience, cela ne fonctionne pas. C’est alors que le Ressuscité prend l’initiative de les rejoindre. Comme c’est toujours le cas dans les apparitions, ils ne le reconnaissent pas. « Auriez-vous quelque chose à manger? » « Jetez le filet à la droite de la barque. » Ce fut l’abondance. C’est Jean, l’ami de Jésus qui va le reconnaitre le premier. Simon-Pierre lui se jette à l’eau. Jusque-là, le Ressuscité s’était fait reconnaitre par des signes proches de la vie intérieure, mais cette fois-ci, c’est par un signe en lien avec leur métier de pêcheur, la pêche miraculeuse, par lequel il leur rappelle qu’ils sont des pêcheurs d’hommes; puis par un second signe plus spirituel, celui d’un repas où le pain est donné, où c’est lui qui sert.

Le Ressuscité, c’est celui qui veut nous rejoindre dans toutes les facettes de nos vies : la vie intérieure, nos relations, notre vie professionnelle, nos réussites comme dans nos échecs. Le défi c’est de percevoir sa présence, là où il nous appelle, là où il nous fait signe.

Aujourd’hui, je rends grâce au Seigneur pour les signes de sa présence et de son amour dans ma vie : presque toujours des personnes.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Jeudi 16 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (24, 35-48)

En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement.

Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” »

Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »

Petite fleurIl s’en passe des choses dans la vie des onze : le dernier repas de Jésus, son arrestation, sa mort sur la croix, son ensevelissement, sans compter la mort de Judas, le reniement de Pierre, l’abandon de tous les autres sauf Jean et là, ceux qui témoignent qu’il est peut-être vivant.

Jésus prend l’initiative de se faire présent à eux. « La paix soit avec vous! » Mais ils ne le reconnaissent pas. Ils sont saisis de frayeur et de crainte. Jésus va prendre le temps de bien leur montrer que c’est bien lui, qu’il est ressuscité avec son corps, avec tout ce qu’il est. Il leur montra ses mains et ses pieds. Il mangea devant eux. C’est important parce que le Ressuscité va vouloir partager sa résurrection à tous les humains, à toute la création. Il veut que notre vie, guidée par l’Esprit Saint devienne un chemin de résurrection, de glorification. Il veut nous associer à son travail de transformation du monde, à l’établissement de son Royaume.

Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations. À vous d’en être les témoins. » Tout est soumis au Ressuscité. Mais ce salut pour tous, il veut le réaliser avec nous tous. D’où cette mission confiée aux onze, mais aussi à nous tous. « À vous d’en être les témoins. »

Je rends grâce au Seigneur pour toutes les personnes qui nous invite à la solidarité, au partage et à l’entraide pour bâtir un monde meilleur. C’est la seule façon de bâtir la maison commune qui est le rêve de Dieu. Et il y a de ces gens au cœur de ce que nous vivons présentement. Il y a de ces gens dans la lutte contre la pauvreté, pour la protection de la nature.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mercredi 15 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (24, 13-35)

Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.

Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »

Il leur dit : « Quels événements? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures? »

À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

Jeunes en marcheLe récit de l’apparition du Ressuscité aux disciples d’Emmaüs ressemble aux autres récits, mais il semble avoir été construit pour nous faire saisir comment il peut se manifester à nous pour nous rejoindre dans ce que nous vivons.

Jésus ressuscité rejoint les deux disciples sur la route, la route de leur vie. Il marche avec eux même s’ils ne le reconnaissent pas. Il les questionne, écoute leur désespoir, leur peine, leur souffrance, leur doute. Comme les autres proches de Jésus, ils n’attendent pas la résurrection. Ils sont même insensibles au témoignage de quelques femmes. C’est dans tout cela qu’il va les rejoindre et les aider à passer de leur désespérance à la foi en sa résurrection. N’est-ce pas ce qu’il cherche à faire dans chacune de nos vies, particulièrement dans ces moments où c’est difficile?

Il va les aider d’abord à saisir ce qui se passe au moyen des Écritures. « Et partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. » N’est-ce pas pour nous une invitation à le rechercher dans les Écritures? La Parole de Dieu, c’est Dieu qui me parle aujourd’hui, qui me rejoint dans ma vie, dans mes préoccupations pour me soutenir, m’éclairer, m’aider à aller plus loin. C’est le Ressuscité qui marche avec moi. « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures? »

Puis leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent à la fraction du pain. Là où le Ressuscité se donne en nourriture pour nous unir à lui, nous rapprocher de lui, faire davantage communion avec lui. Mais aussi avec nos frères et sœurs puisque c’est son repas pour la famille, sa famille.

Et de la fraction du pain jaillit la mission. Il disparait à leurs yeux, mais il est avec eux et à l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. L’eucharistie : expérience de communion qui se transforme en mission. Est-ce mon expérience? Comment je vis cette période de confinement privé de l’eucharistie? Est-ce que j’ai faim de son Pain de vie, du pain de mes frères et de mes sœurs? Est-ce que j’en profite pour donner plus de place aux Écritures?

Je rends grâce au Seigneur de nous avoir lui-même recommandé les Écritures et l’Eucharistie, deux grands mystères de sa présence dans nos vies.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mardi 14 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (20, 11-18)

En ce temps-là, Marie Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau. Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus. Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. »

Ayant dit cela, elle se retourna; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. »

Jésus lui dit alors : « Marie! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni! », c’est-à-dire : Maître. Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.

PicDans toutes ces rencontres du Ressuscité avec ses proches, il y a des constantes :

Il est bien clair que les proches de Jésus, les femmes de son entourage, ses disciples ne s’attendaient pas à la résurrection de Jésus. Ils n’avaient pas compris les enseignements de Jésus sur le sujet. C’est le cas de Marie Madeleine qui se met à pleurer quand elle constate que le corps de Jésus n’est plus dans le tombeau. « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. » C’est du neuf pour eux.

De plus, on ne reconnait pas le Ressuscité. Jésus demande à Marie Madeleine pourquoi elle pleure, qui elle cherche. Elle le prend pour le jardinier. Le Ressuscité est bien présent, mais on ne le reconnait pas. Son mode de présence est différent. C’est Jésus lui-même qui va prendre l’initiative de se faire reconnaitre. Habituellement, il va se servir de signes qui le caractérisaient; pour Marie-Madeleine, il va l’appeler par son nom.

Finalement, Marie-Madeleine aurait voulu profiter de cette présence du Ressuscité. Mais Jésus l’envoie immédiatement en mission vers les autres comme pour lui faire comprendre que maintenant, elle ne peut plus le connaitre vraiment que dans la mesure où elle témoigne qu’il est vivant à ses frères et sœurs.

Déjà les proches de Jésus doivent s’habituer à ne plus le voir. Il va se faire reconnaitre grâce à des signes. Mais c’est temporaire. Ils vont devoir passer d’une présence extérieure à une présence intérieure. Mais une présence intérieure indissociable de la mission, du témoignage.

Et moi, où est-ce que je reconnais la présence du Ressuscité, l’expérience de sa présence? Au plus profond du cœur, dans les événements de ma vie, dans la prière, les sacrements, dans les plus pauvres…

Je rends grâce au Seigneur pour toutes ces personnes qu’il a mises sur ma route et qui pour moi ont été présence et action du Ressuscité.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Lundi 13 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (28, 8-15)

En ce temps-là, quand les femmes eurent entendu les paroles de l’ange, vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »

Tandis qu’elles étaient en chemin, quelques-uns des gardes allèrent en ville annoncer aux grands prêtres tout ce qui s’était passé. Ceux-ci, après s’être réunis avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme en disant : « Voici ce que vous direz : “Ses disciples sont venus voler le corps, la nuit pendant que nous dormions.” Et si tout cela vient aux oreilles du gouverneur, nous lui expliquerons la chose, et nous vous éviterons tout ennui. »

Les soldats prirent l’argent et suivirent les instructions. Et cette explication s’est propagée chez les Juifs jusqu’à aujourd’hui.

RivièrePâques, c’est d’abord une rencontre avec le Vivant, le Ressuscité. Cette semaine, chaque évangile nous décrit une rencontre faisant ressortir un aspect nouveau.

Marie de Magdala et l’autre Marie s’étaient rendues au tombeau de Jésus par amitié, pour une visite comme nous le faisons parfois le lendemain d’un ensevelissement. La bonne nouvelle de la résurrection de Jésus leur a d’abord été transmise par un ange. Ce qui les a mises rapidement en route pour faire connaitre la bonne nouvelle aux apôtres. Alors qu’elles étaient en route, Jésus lui-même vient à la rencontre de ces femmes qui sont ses amies. Elles voudraient bien le retenir, « elles lui saisirent les pieds », mais immédiatement il les envoie en mission : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »

Voilà ce que produit la rencontre avec le Ressuscité. La force de la relation, la joie de la rencontre, loin de provoquer un repliement sur soi, produit au contraire une sortie de soi-même. C’est tellement grand, c’est tellement beau qu’il faut que tout le monde le sache.

C’est la rencontre qui rend possible la mission et la mission fait grandir la rencontre à cause de la richesse du partage de chacun.

Évidemment lorsqu’il n’y a pas de rencontre, la réaction risque d’être bien différente. C’est le cas des grands prêtres qui essaient tout simplement d’étouffer l’affaire.

L’évangile d’aujourd’hui est une invitation à soigner nos rencontres. D’abord avec Celui qui nous aime, avec Celui qui nous habite, avec Celui qui nous veut et nous fait du bien et qui en même temps nous pousse à faire attention à nos rencontres avec ceux qu’il nous a confiés et aussi avec tous ceux qu’il met sur notre chemin pour leur bonheur et leur joie et aussi le nôtre. Avec le Ressuscité tout est sortie de soi-même, tout est ouverture du cœur.

Les rencontres sont également importantes dans la lutte contre le coronavirus. Bien sûr, elles doivent se vivre de loin, avec toutes les précautions nécessaires, par téléphone, par moyens numériques, en gardant la distance prescrite. Mais elles restent essentielles. Ce sont les services du personnel soignant des hôpitaux, des maisons de personnes âgées. Ce sont ceux des personnes qui travaillent dans les épiceries, les pharmacies. Bref tous ceux qui assurent avec dévouement les services essentiels. Ces personnes qui nous font du bien.

Aujourd’hui, je rends grâce au Seigneur pour toutes ces rencontres qui nous permettent de passer à travers parce que même de loin, elles nous font tellement de bien.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Dimanche de Pâques – 12 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (20,1-9)

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »

Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.

C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

Ce matin-là, Marie Madeleine est la première à constater que le tombeau de Jésus est vide. Par la suite, Pierre va faire la même découverte. Jean va voir la même chose. Mais le texte de l’évangile ajoute : « Il vit et il crut. » Pour Jean, il y a plus qu’un tombeau vide. Il y a pour lui la découverte que le Christ est vivant, qu’il est ressuscité. Tout à coup, tout s’éclaire pour lui. Il n’est plus seul. Le Vivant est avec lui, le Vivant l’habite.

Fêter Pâques, c’est fêter notre propre rencontre avec le Ressuscité, celui qui nous habite au plus intime de nous-mêmes, chaque instant de notre vie. Rencontre que chacun de nous a vécue à sa manière. Pour certains subitement, avec force; pour d’autres lentement, peu à peu, progressivement avec les années. Pour certains facilement; pour d’autres dans la pénombre d’une longue recherche remplie de doutes et de questionnements. C’est une expérience profonde qui n’est jamais terminée, toujours à poursuivre, une expérience amoureuse toujours à creuser davantage.

Et c’est cette rencontre qui nous permet de percevoir peu à peu qui est le Ressuscité, qui nous sommes pour Lui, ses fils et ses filles bien-aimés, vivant de sa vie, faisant partie de sa famille. Que le Ressuscité nous invite à le rejoindre sur son chemin de résurrection. Qu’il nous donne son Esprit pour y arriver : un chemin de passage, un chemin de transformation, un chemin de glorification. Un chemin qui nous invite à mourir peu à peu à tout ce qui n’est pas de Dieu en nous, à tout ce qui nous diminue, pour revivre toujours davantage à la vie du Christ en nous, à l’homme nouveau, à la femme nouvelle que nous sommes déjà dans le cœur de Dieu. Ce qui faisait dire à saint Paul : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ : la détresse, l’angoisse, le supplice, la souffrance… Non car en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a tant aimés. »

Voilà ce qui transforme notre façon de nous voir (comme Dieu nous voit), notre façon de voir le monde (comme Dieu le voit) et notre façon de vivre (à la manière du Christ).

Pâques c’est toujours oser se lever, même les jours les plus sombres parce que la présence, l’amour et la force du Ressuscité nous habitent et qu’avec lui on n’a rien à craindre.

Pâques c’est toujours oser se lever et s’impliquer quand arrivent des catastrophes comme nous vivons présentement. Oui il y a bien de la souffrance, bien des deuils, bien des inquiétudes, beaucoup d’impuissance. Mais le Ressuscité est à l’œuvre et de tout cela jaillit de la vie : une prise de conscience de la nécessité de la solidarité, de l’importance de chaque personne et des services essentiels qu’ils rendent et tous les autres signes que vous percevez vous-mêmes.

Joyeuses Pâques à tous.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Veillée pascale – 11 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (28, 1-10)

Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre. Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre; l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus. Il avait l’aspect de l’éclair, et son vêtement était blanc comme neige. Les gardes, dans la crainte qu’ils éprouvèrent, se mirent à trembler et devinrent comme morts.

L’ange prit la parole et dit aux femmes : « Vous, soyez sans crainte! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : ‘Il est ressuscité d’entre les morts, et voici qu’il vous précède en Galilée; là, vous le verrez.’ Voilà ce que j’avais à vous dire. »

Vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »

Pousses de viePâques cette année est unique. Il arrive au beau milieu d’une épidémie épouvantable et peut-être même au moment où la force du virus se fait le plus sentir. Que vient-il nous dire?

D’abord que nous fêtons le Ressuscité, le Vivant, mais aussi notre rencontre avec lui. C’est l’expérience des deux Marie de l’évangile. Elles étaient là pour visiter un mort. Elles rencontrent le Vivant et cela change tout. Pâques a du sens pour ceux et celles qui ont eu cette grâce de rencontrer le Vivant, d’avoir l’expérience de sa présence et de son amour. Bien sûr, chaque rencontre est unique et jamais terminée.

Cette rencontre du Ressuscité est un appel à se laisser transformer par lui. Appel à mourir peu à peu à tout ce qui nous diminue, à tout ce qui nous rapetisse, à tout ce qui nous empêche de devenir peu à peu, avec la grâce de Dieu, le fils ou la fille que nous sommes déjà dans le cœur de Dieu. Appel à aimer comme lui, à mettre l’amour à la première place de notre vie. Appel à partager ce que le Seigneur a fait dans notre vie. Comme pour les deux Marie de l’évangile il n’est pas question de chercher à le retenir pour soi, mais sans crainte d’aller annoncer la bonne nouvelle qu’il est vivant.

Si bien que pour nous chrétiens, chrétiennes qui vivons de lui, l’amour est plus fort que tout, la seule force capable de bâtir la maison commune dont nous parle si souvent le pape François. Que la vie est plus forte que la mort. Qu’elle peut même jaillir d’elle.

Alors si on regarde ce que nous vivons depuis plus d’un mois à la lumière de Pâques, on peut percevoir qu’elle n’est pas seulement une expérience de mort, de souffrance, mais aussi une expérience de vie. Bien sûr, il faut lutter de toutes nos forces pour vaincre le virus, mais on perçoit qu’on ne peut le faire qu’avec le meilleur de nous-mêmes : que par la solidarité (alors que le chacun pour soi est mortel), qu’en percevant davantage l’importance de chaque personne et de la nécessité de la contribution de chacune: le dévouement du personnel soignant (les anges gardiens), des personnes travaillant dans l’alimentation, les produits pharmaceutiques… Tout à coup, ceux dont on parle peu deviennent des personnes essentielles. Un peu comme les femmes de l’évangile qui sont celles que le Seigneur a choisies pour répandre la bonne nouvelle de la résurrection.

Une expérience difficile à vivre et pourtant pleine de vie, comme si la vie surgissait de la mort. Oui Pâques est vraiment situé à la bonne place cette année.

Bonnes Pâques à tous.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Vendredi saint – 10 avril 2020

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Jean (18,1-19,42)

Je vous invite à lire la Passion de notre Seigneur sur le site de l’AELF.

Cette lecture nous invite à nous demander pourquoi la croix, pourquoi Jésus a été crucifié? C’est qu’il a refusé de sauver le monde à la manière habituelle des humains. Non par la force, la contrainte, le pouvoir, la violence, mais par l’amour, la tendresse, la miséricorde. C’est pour cela (à cause de l’amour, par solidarité) qu’il a renoncé à sa condition divine pour partager notre condition humaine. C’est pour cela (à cause de l’amour, par solidarité) qu’il a accepté de tout donner, même sa vie, de tout perdre, même sa dignité d’homme en mourant comme un criminel sur la croix. Et c’est ce chemin, celui de sa croix, celui de l’amour, de la solidarité du don de soi, du service des autres que le Seigneur nous invite à choisir, sur lequel il nous invite à le rejoindre pour contribuer à sauver le monde, à le rendre meilleur.

Ce chemin n’est possible qu’avec l’Esprit Saint, qu’en mettant notre confiance dans le Seigneur comme lui a su mettre sa confiance dans son Père, même dans les moments les plus difficiles de sa vie, parce que ce chemin est difficile. On le voudrait sans risque, sans douleur, sans souffrance, sans effort, sans peine, bref sans croix. On le voudrait mesuré, contrôlé, organisé, sans danger. Sa croix nous rappelle que pour aimer à sa manière cela prend un peu de folie, de sa folie à lui, un peu de rêve, de son rêve à lui. Mais qu’avec lui c’est possible.

Ce chemin est possible aussi en faisant confiance à la bonté profonde de l’être humain créé par le Père à son image et sa ressemblance, Jésus y croit tellement qu’il n’a pas craint de nous associer à son projet de salut pour tous les humains.

La croix capable, si on le veut bien, de changer notre vie, de changer notre monde, mais qui aussi vient nous rejoindre dans nos souffrances, y apporter lumière, sens et fécondité. « Venez à moi vous tous qui ployez sous le fardeau, je vous procurerai le repos. » Oui il y a des fardeaux lourds dans nos vies, qu’on a souvent l’impression de porter seul, des fardeaux trop pesants pour nous, qui nous dépassent. Fardeaux de la perte d’êtres chers, des amours brisés ou difficiles, des ruptures de toutes sortes. Fardeaux de la maladie, de la souffrance, de la solitude, du rejet, de l’abandon, de l’échec. Fardeaux de l’injustice, de la misère des autres. Et il y a en plus présentement cette épidémie qui nous fait de plus en plus peur, qui nous confine chez soi, qui nous empêche de travailler, qui sème terreur et mortalité et cela malgré tous nos efforts.

Ta croix Seigneur vient nous rappeler que tu es toujours là pour les porter avec nous ces souffrances, pour les pleurer avec nous, pour nous soutenir, pour nous réconforter. Car tu sais le prix de la souffrance et tu sais jusqu’à quel point elle peut nous atteindre.

Ta croix vient aussi nous rappeler que si comme toi nos souffrances sont vécues dans l’abandon, dans la confiance, si elles sont offertes avec amour, elles peuvent devenir porteuses de vie, sources de croissance, pleines de fécondité tant pour nous-mêmes que pour ceux qui nous entourent. Tu nous as sauvés par ton amour et tes souffrances. En nous associant aux tiennes, tu fais de nous des co-rédempteurs pour sauver le monde, pour le transformer. Ce qui faisait dire à saint Paul ces paroles audacieuses : « Je me réjouis des souffrances que j’endure pour vous et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour sauver le monde. » (Col 1, 24)

Et cette expérience de sa présence, de son amour, de son soutien dans nos souffrances et même de leur fécondité ne diminue en rien l’invitation du Seigneur à lutter contre elles, à nous joindre à lui, à apporter notre contribution pour nous battre avec lui contre tout mal, toutes souffrances, tout ce qui détruit et diminue l’être humain. Cette lutte commencée par Jésus pendant qu’il était avec nous par ses nombreuses guérisons des corps et des cœurs et qu’il veut continuer par nous et avec nous. Lutte qui est ouverture du cœur à la souffrance des autres, à la solidarité, à l’entraide, à la générosité, par notre présence, par nos engagements, par notre prière qui est une grande force. Il me semble reconnaitre cela bien présent dans ce que nous vivons présentement : dans l’acceptation du confinement, dans le dévouement de ceux et celles qui soignent les malades ou qui assurent un des services essentiels comme la nourriture, les médicaments… Lutte qui est aussi ouverture du cœur pour accueillir avec reconnaissance l’aide des autres que le Seigneur met sur notre route pour nous soutenir, nous encourager, nous aider à passer au travers.

Lutte qui ne peut que nous rendre meilleurs, nous humaniser davantage.

Seigneur en contemplant ta croix, nous voulons te confier nos souffrances, mais aussi celles de toute notre société, celles du monde entier. Veille sur nous, rassure-nous, soutiens-nous dans la lutte et fais que malgré tout, nous puissions y trouver sens, lumière, fécondité et plein de signes d’amour, de solidarité, d’entraide et de partage.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Jeudi saint – 9 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (13,1-15)

Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.

Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds; non, jamais! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

Lavement des piedsC’est maintenant l’heure de Jésus, celle de son passage de la mort à la résurrection, de ce monde à son Père dans lequel par amour il veut tous nous amener.

Et au cœur de son dernier repas avec ses apôtres, un geste qui donne sens à tout le reste : « Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge qu’il se noue à la ceinture; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. »

Le geste du serviteur, pour l’évangéliste saint Jean, vient donner le sens de l’institution de l’Eucharistie qu’on retrouve chez les autres évangélistes. « Prenez et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous. » « Prenez et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang versé pour vous. »

L’Eucharistie, le repas du serviteur par lequel le Ressuscité continue à se donner à nous, à nous laver les pieds. Geste du Seigneur qu’il nous faut accueillir comme Pierre : « Si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas de part avec Moi. » On ne peut se sauver tout seul, par sa propre force. Il faut accepter comme Pierre de se laisser laver les pieds par le Seigneur.

Lavement des pieds qui donne sens aussi à toute la vie chrétienne. « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns les autres. »

Le lavement des pieds, geste qui donne sens à tout ce que Dieu fait pour nous, à tout ce que nous faisons les uns pour les autres. Quelle merveille! Comme tout cela vient éclairer ce que nous vivons actuellement.

Aujourd’hui, je rends grâce au Seigneur pour tous ces serviteurs qui actuellement sont ceux qui nous permettent de résister et peu à peu de vaincre le coronavirus.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mercredi 8 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (26, 14-25)

En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.

Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” » Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque.

Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit! »

Soleil couchantComme hier, l’évangile d’aujourd’hui, le dernier avant le triduum pascal, nous parle à nouveau de la trahison de Judas; comme pour nous redire que la mort et la résurrection du Christ c’est pour tous, que par son amour Jésus veut sauver tous les humains, même celui qui le trahit. Durant le repas, pour désigner Judas, celui qui le livre, Jésus pose un geste : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi ». Un geste de communion, un geste d’amitié. Il n’y a pas chez Jésus de condamnation, seulement l’offre d’une amitié. C’est Judas qui s’exclut lui-même en refusant l’offre de son ami. Jésus le laisse à sa liberté. L’amour du Seigneur ne s’impose pas. Il doit être accueilli. Mais il est toujours là, disponible. Il est toujours temps de l’accueillir. Le salut apporté par le Seigneur est un don gratuit. On n’a même pas à le mériter. On n’a qu’à l’accueillir et à se laisser transformer par lui.

Que le triduum pascal de cette année, sans célébration communautaire, alors qu’on découvre de plus en plus l’ampleur de ce qui nous menace soit pour chacun de nous l’occasion de s’en remettre à l’amour de Dieu comme jamais et de croire de toutes nos forces qu’avec lui la vie sera toujours plus forte que la mort, que la vie aura toujours le dernier mot.

Aujourd’hui, je rends grâce au Seigneur pour tous ceux qui portent cette espérance et qui mettent le meilleur d’eux-mêmes pour y apporter leur contribution.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

Mardi 7 avril 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (13, 21-33.36-38)

En ce temps-là, au cours du repas que Jésus prenait avec ses disciples, il fut bouleversé en son esprit, et il rendit ce témoignage : « Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera. » Les disciples se regardaient les uns les autres avec embarras, ne sachant pas de qui Jésus parlait.

Il y avait à table, appuyé contre Jésus, l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait. Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus de qui il veut parler. Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus et lui dit : « Seigneur, qui est-ce? » Jésus lui répond : « C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper dans le plat. » Il trempe la bouchée, et la donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote. Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. Jésus lui dit alors : « Ce que tu fais, fais-le vite. » Mais aucun des convives ne comprit pourquoi il lui avait dit cela. Comme Judas tenait la bourse commune, certains pensèrent que Jésus voulait lui dire d’acheter ce qu’il fallait pour la fête, ou de donner quelque chose aux pauvres. Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt. Or il faisait nuit.

Quand il fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. »

Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu? » Jésus lui répondit : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant; tu me suivras plus tard. » Pierre lui dit : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent? Je donnerai ma vie pour toi! » Jésus réplique : « Tu donneras ta vie pour moi? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois. »

Arbre dans un champL’Évangile nous met en présence de trois apôtres du Seigneur, dans leur façon de vivre les derniers jours du Seigneur.

Il y a d’abord Jean, l’ami du Seigneur, l’intime, l’homme de cœur, celui qui va être fidèle jusqu’au bout, jusqu’à la croix.

Il y a aussi Judas, celui qui va le livrer pour de l’argent parce qu’il est déçu, parce qu’il n’a plus confiance. Il espérait un messie de puissance qui réglerait les problèmes. Or Jésus lui parait faible. C’est la mort qui l’attend.

Il y a finalement Pierre, celui que le Seigneur a choisi comme chef des apôtres. C’est un homme énergique, enthousiaste, généreux. Il est prêt à tout, mais il va faire l’expérience de sa faiblesse et renier le Seigneur. C’est l’expérience de la miséricorde du Seigneur qui va le transformer et le rendre capable de poursuivre la mission pour laquelle Jésus l’avait choisi. En ce moment même, dans ce que je suis, dans ce que je vis, comment je me sens devant le Seigneur? Peut-être que je me retrouve dans un des disciples?

Et ce qui est certain c’est que le Seigneur a donné sa vie sur la croix pour chacun d’eux et aussi pour chacun de nous. Le salut ne vient pas de nous, mais de son amour, de sa miséricorde. On n’a qu’à l’accueillir, qu’à se laisser guérir par elle. À l’accueillir assez pour qu’elle nous transforme en miséricorde pour les autres. Voilà la force du Seigneur capable de transformer le monde.

Aujourd’hui, je rends grâce au Seigneur pour ceux et celles qui transforment le monde par l’amour et la miséricorde.

+André Gazaille, évêque de Nicolet

+ Lundi 6 avril 2020

+ Dimanche 5 avril 2020

+ Samedi 4 avril 2020

+ Vendredi 3 avril 2020

+ Jeudi 2 avril 2020

+ Mercredi 1er avril 2020

+ Mardi 31 mars 2020

© 2018. Tous droits réservés Diocèse de Nicolet.